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( 2 septembre, 2009 )

Hulric Pierre-Louis-Décédé

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 Hulric Pierre-Louis-Décédé

Le saxophoniste et chef d’orchestre Septentrional D’Haïti

 Hulric Pierre-Louis Né à Duty, 4e section communale de l’Acul du Nord le 22 septembre 1928

Décédé le- 2 septembre 2009.

Le maestro est parti

L’un des plus grands musiciens haïtiens a succombé à une crise cardiaque le mercredi 2 septembre 2009, vers 11 heures 30 du soir, à l’hôpital St- François de Sales, à Port-au-Prince. Avec lui, c’est toute une époque qui s’en va. Le grand chef d’orchestre et musicien que fut Hulric Pierre Louis était déjà, de son vivant, un véritable monument qui, en maintes fois, fut honoré pour son apport à l’art haïtien. Hier patrimoine vivant, il est entré dans l’immortalité, emportant avec lui un peu de chacun de nous.

Haïti: Né à Duty, 4e section communale de l’Acul du Nord le 22 septembre 1928, Hulric Elima Maurice Solon Pierre-Louis passe les premières années de son enfance au Cap-Haïtien avec sa mère, Andréa Pierre, couturière, jusqu’à la mort de celle-ci en 1935. Il n’a que 7 ans, à cette époque, et va vivre avec son père, Constant Pierre-Louis, qui exerce les métiers de tailleur et de coiffeur. C’est là que commence à s’écrire une des plus belles pages d’histoire de la musique haïtienne. Cet homme, rude travailleur, qui nourrit de grandes ambitions pour ses enfants, est aussi musicien. Il joue de la guitare et de la flûte. C’est un ancien musicien de la fanfare du Cap-Haïtien, qui inculque le goût de la musique à ses enfants. Hulric et son frère Lucien Pierre-Louis, qui deviendra trompettiste au sein de l’Orchestre Septentrional, sont alors loin d’imaginer qu’ils feront danser plusieurs générations d’Haïtiens et qu’ils marqueront à jamais l’histoire de la musique haïtienne.

Constant Pierre-Louis inscrit son fils chez les frères de l’Instruction chrétienne, où Hulric est initié au solfège par le père Doroté et M. Davous Gilles. Puis il se met à la guitare et bénéficie des conseils et du support de quelques talentueux musiciens avant de suivre des cours de guitare classique avec l’ancien directeur musical de la Fondation Vincent, David Désamours. 

En 1942, Hulric est guitariste de l’Ensemble Symphonia, une formation musicale composée de jeunes lycéens du Lycée Philippe Guerrier du Cap-Haïtien et de quelques musiciens amateurs de la ville, puis, vers la fin de 1944, il fonde le Trio Symphonia avec Jacob Germain et Jacques Monpremier. Pour lui, ce n’est là qu’une distraction, un agréable passe-temps. Hulric n’a aucune intention de devenir musicien professionnel. Mais la mort de son père, en avril 1946, vient tout changer…

Hulric, admis en seconde, n’a plus les moyens de continuer ses études. Il lui faut gagner sa vie. Il intègre alors le Jazz Youyou, une formation musicale très côtée à l’époque, qui appartient à un ami de son père, Cirius « Youyou » Henri. Malheureusement, Hulric est une forte tête et, qui pis est, a du talent. Au cours d’une prestation, il refuse de saluer par un « ochan » un militaire qui, à l’époque, était très puissant. Il a eu une prise de gueule avec le maestro. Six mois plus tard, sa carrière au sein du groupe prend fin après une nouvelle altercation avec le maestro Youyou qui l’a surpris en train de s’exercer au saxophone au cours d’un intermède.

Toujours avec ses amis Jacob Germain et Jacques Monpremier, il fonde le Trio Astoria. Mais les affaires marchent mal, en dépit de leurs bonnes performances. Hulric propose alors au Quatuor Septentrional, qui avait du succès à cette époque, de fusionner leurs formations pour créer un plus grand orchestre. Jean Menuau qui dirige le quatuor refuse. Hulric tient bon et revient à la charge, plusieurs fois de

L’occasion allait se présenter en juillet 1948 lors des fêtes champêtres de la Plaine du Nord et de Limonade. Le quatuor Septentrional n’est pas disponible pour les bals auxquels il est invité à performer, du 24 au 27 juillet, et l’un de ses musiciens et fondateurs, Léandre Fidèle, a la bonne idée de faire appel au Trio astoria auquel il adjoint deux ou trois autres musiciens.

C’est un succès total. Le mardi 27 juillet 1948, après le dernier bal à Limonade, l’Orchestre Septentrional est fondé et Hulric, avec sa forte personnalité, ne tarde pas à émerger comme un leader naturel parmi les musiciens.

En 1950, soit deux ans après la fondation de l’Orchestre Septentrional, Hulric devait en devenir le directeur et maestro, succédant à Jean Menuau. En 1954, il rejoint, à Port-au-Prince, l’ensemble du Riviera Hotel que dirigeait Guy Durosier. Mais son absence ne dure pas longtemps. En 1955, enfant prodigue, il est de retour au sein de l’Orchestre Septentrional qui, pendant son absence, avait connu certaines difficultés. Il s’impose définitivement comme étant le meilleur directeur et maestro que le groupe ne connaitra jamais. Il était de retour à ce qui allait devenir la passion de toute une vie, l’Orchestre Septentrional, qu’il ne quittera plus jusqu’en 2003. Et, depuis cette date, il a été membre honoraire du Grand Orchestre Septentrional jusqu’à sa mort le 2 septembre 2009.

Le reste, c’est de l’histoire.

Avec le départ d’Hulric, il ne reste plus qu’un seul membre fondateur de l’une des plus grandes formations musicales qu’Haïti ait jamais connue, le batteur Atémis Dolcé, à qui nous présentons nos sympathies.

Hulric Elima Maurice Solon Pierre-Louis a, pendant des décennies, donné le meilleur de lui-même à tout un peuple qu’il a su faire chanter et danser, même dans les moments les plus sombres. Que la terre lui soit légère !

  Patrice-Manuel Lerebours

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En novembre dernier, le ministère de la Culture et de la Communication a rendu un hommage bien mérité à Hulric Pierre-Louis, le légendaire maestro du Grand Orchestre Septentrional, au cours d’un concert d’hommage organisé par le Comité de Supporteurs de l’Orchestre Septentrional (COSOS). Ce concert était aussi placé sous le haut patronage de la mairie de Port-au-Prince. On a, semble-t-il, compris la nécessité de rendre hommage à quelqu’un qui a mérité de la patrie, de son vivant, afin qu’il sache l’importance que la société accorde à son oeuvre.

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Le Grand Orchestre Septentrional, doyen de la musique haïtienne, dans une prestation hors du commun, a fait vibrer le Champ-de-Mars, haut lieu des festivités où des centaines et des milliers de fanatiques et de curieux étaient venus voir ou revoir le maestro qu’on n’a pas vu en public depuis qu’il a laissé la scène en 2002. 

Le Grand Orchestre Septentrional a émerveillé les jeunes qui s’attendaient à voir sur scène une bande de vieillards parce que Septen « sé jazz gran moune ». Ils ont été pris de court par la jeunesse de l’orchestre, la simplicité et la vivacité avec lesquelles les musiciens exécutaient leurs partitions, se déplaçaient sur le podium, leur polyvalence, l’animation qu’ils ont créée. Cette chorégraphie dont l’orchestre nous a gratifié restera à jamais gravée dans la mémoire des mélomanes. 

Les invités de marque, tels K-FE, KREZI MIZIC, TONTON BICHA, JAQUITO, ont eux aussi rempli leur contrat. Ils avaient chacun leur public. Mais à la fin, le Grand Orchestre Septentrional mit tout le monde d’accord. Les jeunes et les moins jeunes ont été surpris de la force de frappe d’un orchestre vieux de soixante ans ayant une vitalité extraordinaire.

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Historique du Grand Orchestre Septentrional 

Les Capois ayant plus de 60 ans ont connu les cercles littéraires et mondains qui existaient à l’époque. Ils se souviennent, sans nul doute, de « L ‘Aurore » dirigé avec brio par Maître Frédéric Magny, avocat du barreau du Cap-Haïtien, homme élégant et prestigieux qui parlait un français coulant et qui avait la verve facile. Maître Magny était donc le président du Cercle Aurore au cours de l’année 1948. 

Il invita un jour le quatuor Septentrional, composé de Jean Menuau, Léandre Fidèle, Théodule Pierre et Raymond Jean-Louis à animer une soirée de circonstance en mai 1948. C’était un fait extraordinaire, parce que ce quatuor ne faisait, jusqu’à date, que des sérénades à la tombée de la nuit, soit à l’occasion d’un anniversaire, soit pour charmer une gentille demoiselle. Après de longues hésitations et de mûres réflexions, les membres du quatuor donnèrent leur accord à Maître Magny. 

Pour donner à l’événement l’importance et le faste qu’il méritait, le quatuor rencontra le « trio Astoria « formé de Jacques Mompremier, Ulrich Pierre-Louis et Jacob Germain avec lequel il s’entendit pour rehausser l’éclat de la soirée. Malgré cette entente, ils ont senti un certain vide dans la ligne des cuivres et ont fait appel au trompettiste Emile Obas et au saxophoniste Jacques Pierre alias boss Pierre. C’est ce groupe des neuf qui a performé à la soirée dansante de l’Aurore. Cette soirée a connu un succès sans précédent.

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Après la performance du groupe des neuf au «Cercle Aurore », Mme Cazalès Duvivier demanda à Jean Menuau d’animer deux soirées dansantes, l’une à la Plaine du Nord, le samedi 24 juillet, et l’autre à Limonade, le dimanche 25 juillet 1948. Il faut noter que le groupe des neuf comprenait (2 saxophonistes, 2 trompettistes, 2 chanteurs, 3 cordes, voix et percussions) et il n’y avait pas encore assez d’harmonie entre les lignes. En dépit de tout, l’expérience a été concluante et le public a demandé une soirée supplémentaire qui eut lieu le lundi 26 juillet 1948. 

Après cette tournée triomphale et mémorable, ces neuf pionniers se sont promis de ne plus se séparer et de rester groupés. C’est ainsi qu’ils formèrent le Jazz Septentrional le mardi 27 juillet 1948 à 4h20 du matin. Au cours de la dernière soirée improvisée du lundi 26 juillet, le groupe des neuf a failli être privé d’un trompettiste parce qu’Emile Obas enrôlé dans les Forces armées d’Haïti aurait dû rentrer au Cap-Haïtien pour reprendre service. 

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L’Organisation du Jazz Septentrional 

Après avoir fondé le Jazz Septentrional, il a fallu l’organiser, avoir des responsables à tous les niveaux de décision. Une première réunion fut fixée le jeudi 19 août 1948 dans l’après-midi pour jeter les bases du Jazz Septentrional. Jacques Mompremier était pressenti comme directeur pour mener la barque à bon port. A cette réunion, il y eut deux absents. D’abord Raymond Jean-Louis qui avait des engagements comme électricien à Phaëton à la plantation Dauphin. Son absence était connue et motivée à l’avance et Jacques Mompremier duquel on n’a eu aucune information. 

La première déception du Jazz Septentrional est venue immédiatement après sa constitution. Théodule Pierre a été le premier à abandonner le Jazz, et puisque Jacques Mompremier n’avait pas répondu à l’appel, Raymond Jean-Louis retenu à son travail, le groupe de six ajourna la séance. Elle fut fixée au samedi 21 août dans l’après-midi. Raymond Jean-Louis a participé à la séance, mais Jacques Mompremier avait encore une fois brillé par son absence. Jean Menuau présida la séance à l’issue de laquelle il devint le premier directeur du Jazz Septentrional, le samedi 21 août 1948 et dirigea l’institution pendant 18 mois avec loyauté, rectitude et intégrité. Voici intégralement les membres du premier comité directeur du Jazz Septentrional : 

Jean Menuau, président-directeur 

Jacob Germain, vice-président 

Léandre Fidèle, secrétaire trésorier 

Hulric Pierre-Louis, conseiller 

Jacques Pierre, conseiller 

Raymond Jean-Louis, conseiller 

Rigaud Fidèle, chef d’orchestre (maestro) 

Pourquoi le nom Septentrional ? 

Les Capois sont des gens affectifs, fiers et très régionalistes. Par leur façon de faire, ils veulent toujours se distinguer du commun des mortels. Ils veulent toujours et partout faire triompher l’idéal christophien et développent un sens aigu de l’hospitalité, teintée d’originalité comme si tout ce qui venait du Nord était de bonne qualité. 

Le quatuor initial qui avait décroché le premier contrat s’appelait déjà « Quatuor Septentrional ». Les musiciens qui le composaient avaient bonne audience dans le milieu et étaient de bonne renommée. Ils ont transformé en or toutes les ferrailles auxquelles ils ont touchées. Pourquoi doit-on changer une équipe qui gagne ? 

Ensuite, ils n’ont pas voulu donner au groupe ni le nom du lieu où ils évoluaient comme El Rancho, Aux Calebasses, par exemple, ni celui d’un night-club cubain comme Orchestre Tropicana, ni celui du chef d’orchestre, comme Ensemble Webert Sicot, Ensemble Nemours Jean-Baptiste. 

Donc, le nom Septentrional qui était déjà une référence paraissait original. 

Le vertigineux parcours d’Hulric Elima Maurice Solon Pierre-Louis 

Après près de deux ans de gestion impeccable et rigoureuse, Jean Menuau, président-directeur du groupe, qui était aussi un employé de la brigade des travaux publics au Cap-Haïtien, connut un transfert dans le cadre de son travail. Il était guitariste et professeur de guitare classique. 

Cette nouvelle affectation lui laissait très peu de temps pour le groupe, pour sa famille et pour ses élèves, alors que le groupe était de plus en plus demandé dans le milieu. Son indisponibilité a porté préjudice à l’expansion et à la gestion du groupe. Donc, il fallait un membre fondateur disponible, techniquement préparé pour le remplacer. 

Hulric Pierre-Louis n’avait que 21 ans quand le groupe avait jeté son dévolu sur lui pour succéder à Jean Menuau, compte tenu de son bagage musical, de sa perspicacité et de son sens de l’honneur. De plus, il était le seul membre fondateur à faire uniquement de la musique. Dès lors, ce plus jeune musicien devint, le 1er janvier 1950, le nouveau président-directeur et maestro du Jazz Septentrional, jusqu’en l’année 2002. 

Il eut à s’éloigner de son orchestre vers l’année 1955, quand Guy Durosier l’invita à intégrer la ligne de saxophones de l’Ensemble du Riviera Hôtel que celui-ci dirigeait. Ce fut pour un court temps, de février à juin 1955. Hulric revint à ses amours qui lui manquaient énormément. 

Pendant toute sa carrière, il a fait sienne cette idée de La Fontaine : « Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire ». Hulric s’imposa donc comme leader du groupe tant par sa compétence que par son charisme. Hulric et Septentrional deviennent un binôme indissociable. L’un ne va pas sans l’autre. 

Malgré certaines zones d’ombre et de turbulences, il a livré la marchandise. On dit toujours que les associations ne durent pas en Haïti. Mais, aujourd’hui, grâce à Hulric Pierre-Louis, nous avons ce modèle, ce joyau à offrir au monde entier et qui symbolise notre fierté en tant qu’Haïtiens. 

Hulric Pierre-Louis a été aussi le premier maestro à avoir inauguré le premier night-club haïtien érigé par un groupe musical haïtien : le FEU VERT NIGHT-CLUB, l’antre de Septentrional. 

Arrêtons-nous un instant sur les membres de la formation originelle. 

Jean Menuau et Léandre Fidèle sont fonctionnaires de l’Etat, tous deux employés des Travaux publics comme brigadiers. 

Hulric Pierre-Louis, musicien, tailleur et coiffeur. 

Pierre Jacques, alias Bós Pyèr, parce que artisan du bois, est à la fois ébéniste et menuisier, charpentier et luthier. Il a une bonne clientèle et ne pratique la musique que comme hobby. 

Rigaud Fidèle est ce qu’on appellerait aujourd’hui un « homme d’affaires » ; il importe divers produits de qualité qu’il revend à ses clients à domicile. De plus, il est footballeur vedette au sein du Zénith Athlétic Club. 

Raymond Jean-Louis est maître électricien de profession. Il travaille à son compte, pour la clientèle privée pendant ses temps libres. Mais, est employé, en semaine, à temps plein, à la plantation Dauphin, à Phaëton. 

Jacob Germain est mécanicien. 

Arthur François est barbier et coiffeur. 

Qui est Hulric Pierre-Louis ? 

Hulric est né le 22 septembre 1928 à L’Acul du Nord des oeuvres de Constant Pierre-Louis et Andréa Pierre. Constant travaillait à la Loterie nationale et était guichetier à Eden Ciné. Il avait quatre enfants : deux filles, Agnès et Egyptienne ; et deux garçons : Lucien et Hulric. Ce dernier est actuellement le seul survivant. 

Il fit ses études primaires chez Marius Levy, père de l’actuel directeur musical de l’Orchestre, « commerçant capois d’origine juive, organiste discret, compositeur d’une chorale de gospel », puis chez les Frères de l’Instruction Chrétienne où il était membre de la chorale de l’école. Très jeune, il avait une attention particulière pour la musique. Il perdit sa mère à sept ans. 

Il fit ses études secondaires au Lycée Philippe Guerrier au Cap-Haïtien sous la houlette de Louis Mercier comme directeur et Georges Marc comme censeur. Son père qui constata ses penchants pour la musique lui paya des cours de solfège avec M. Davous Gilles, à raison de 1 Gde par mois. 

Hulric trouva par la suite un professeur de guitare classique en la personne du pasteur Saint Armand Gabriel. Cette expérience fut de courte durée, car, après deux ans, le pasteur a été transféré à la Jamaïque. Il a dû se rabattre sur le professeur Edouard Cocifi pour continuer ses cours de guitare classique. 

Un peu plus tard, il travailla avec David Desamours, membre de la Garde d’Haïti, qui lui enseigna la flûte traversière. Comme Desamours dirigeait aussi la fanfare des Vincentiens du Cap, il autorisa Hulric à assister aux répétitions et même parfois à participer aux concerts donnés par les membres de la fanfare. 

Hulric avait seulement dix-huit ans quand il perdit son père. C’était en avril 1946. Il devait apprendre à vivre de ses propres moyens. Ainsi, en juillet 1946, il abandonna les classes et intégra le Jazz Youyou comme guitariste. Ses deux autres compères du trio, Jacques Mompremier et Jacob Germain, en firent de même. A la suite d’une mésentente avec le chef d’orchestre (l’affaire Bahon), il se retira après un peu plus d’un an de service. Ses deux amis le suivirent. 

Rapidement, Hulric, Jacques et Jacob formèrent le trio Astoria qui ne dura que l’espace d’un cillement, faute de moyens… Puis arriva l’invitation du Quatuor Septentrional. 

Monsieur Pierre-Louis convola en justes noces avec Edlyne Charles-Pierre (Ninotte), le 30 août 1957. De cette union naquit un fils unique, qui porte le même nom que son père et qui deviendra le vice-président de la Société de Loisirs Hulric Pierre-Louis. Edlyne mourut peu de temps après. 

Le 5 décembre 1967, il épousa en secondes noces Olie Clément (tante Lily), à Limonade. Il adopta le fils de sa nouvelle femme, Nandy. 

Pour des raisons de santé, en 2001, Hulric dut abandonner l’orchestre, non sans avoir mis auparavant les structures requises pour la pérennisation de son oeuvre. Il vit actuellement à la capitale où il visite régulièrement ses médecins. Il ne cesse de répéter qu’il verra le soixantième anniversaire de son Grand Orchestre Septentrional. 

L’oeuvre d’Hulric Pierre-Louis 

L’actuel directeur musical de l’orchestre, monsieur Nicol Lévy, pense que le maestro Hulric Pierre-Louis et Alfred Moïse sont « deux pondeuses de musique ». Ils composaient à la chaîne, écrivaient avec facilité des textes bien travaillés sur tout ce qu’ils observaient ; ils harmonisaient comme ils respiraient. 

Ces deux ténors du Grand Orchestre Septentrional détenaient une source intarissable et produisaient des chansons immortelles qui ont gardé toute leur fraîcheur, toute leur saveur malgré l’influence du temps. 

Le répertoire de l’orchestre est extrêmement riche et varié, et Hulric constitue l’essence même de cette ruche bourdonnante que représente le Grand Orchestre Septentrional dans le domaine de la création musicale. 

On ne peut parler d’un grand homme sans connaître sa vie et son oeuvre. Nous avons parcouru les pages de son livre de vie. Voyons maintenant ses oeuvres ! 

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Parler des oeuvres d’Hulric Pierre-Louis est une entreprise extrêmement difficile parce que ni Septen, ni Hulric lui-même ne disposent d’archives. L’actuelle administration septentrionale et la direction musicale sont à pied d’oeuvre pour les constituer. Nous citerons quand même quelques titres de mémoire et publierons deux ou trois textes du maestro qui ont marqué notre jeunesse. Nous noterons, pour l’histoire, que la première composition du maestro est « MAMBO BOSSU ». Les voici, ces quelques titres : 

« Tenue Frigidaire, Fèt Champèt, La Colombe, Ti Nani, Habitant, Enfant gâté, Napé fété Noël, Cité du Cap-Haïtien,Vanité, Remords, Nou kon dansé, Bamboche Créole, Mariana, Carole,, Belle Fête, Maman mouin, Blasphème, Nuit de Port-au-Prince, Noël des copains, Djo Kannel, etc. » 

En guise de conclusion 

L’architecte Eddy Lubin rentrera dans l’histoire et aussi dans la mémoire des Nordistes en général et des Capois, en particulier, comme celui qui, le premier, a salué au nom du gouvernement les prouesses d’un homme qui a donné 54 ans de sa vie pour réaliser une oeuvre qui a dépassé la dimension nationale et doit rentrer dans le patrimoine national. 

Hulric a eu la chance, de son vivant, de voir l’appréciation, le respect que les jeunes, les moins jeunes et les vieux lui ont témoigné lors de ce concert d’hommage organisé par le Comité des Supporteurs de l’Orchestre Septentrional (COSOS) sous le haut patronage du ministère de la Culture et de la Communication et de la mairie de Port-au-Prince ou à Musique en Folie. 

Des plaques d’honneur lui ont été décernées au cours de ces deux évènements majeurs de la vie culturelle port-au-princienne, l’une par le ministre Lubin, le 17 novembre au kiosque Occide Jeanty, l’autre, le 11 novembre, par le directeur de Musique en Folie, monsieur Frantz Duval, au Parc Historique de la Canne à Sucre. C’était très bien. Mais, ce n’est pas tout. 

Bon nombre d’artistes, de musiciens ayant oeuvré comme Hulric sont morts dans l’anonymat. L’histoire n’a retenu d’eux que leurs noms. Rien d’autre ! Dans le domaine musical, on peut citer Webert et Raymond Sicot, Nemours Jean-Baptiste, Roger Colas, Alfred Moïse, Gérard Dupervil, Gesner Henri, dit Coupé Cloué, Guy Durosier, Hansy Dérose, et la suite. 

Le ministère de la Culture et de la Communication devrait faire un travail de mémoire, comme en littérature. On connaît l’artiste lorsqu’on étudie sa vie et ses oeuvres. Malgré qu’Hulric soit encore en vie, on a toutes les peines du monde à retracer ses oeuvres. Si on le laisse partir, c’est fini. 

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On s’attend à voir dans un proche avenir une instance quelconque (COSOS, le ministère de la Culture, le Grand Orchestre Septentrional lui-même, la famille Pierre-Louis) récupérer le saxophone du maestro (kap manjé poussière au Cap), l’une de ses tenues de gala comme chef d’orchestre, quelques copies de partitions de quelques pièces rares et immortelles qu’il a composées, en d’autres termes, tout ce qui pourrait aider à cerner le personnage. 

Ce matériel compilé, il faudra trouver un espace pour l’exposer. Où mieux pourrait-on le faire, sinon au Feu Vert Night-Club, l’un des éléments du trinôme indissociable (Hulric-Septen-Feu Vert), comme dirait un ami ? N’est-ce pas au Feu Vert qu’Hulric a exposé toute son oeuvre pendant toute sa carrière musicale ? 

Ces considérations à propos d’Hulric Pierre-Louis s’étendent à d’autres groupes comme Tabou Combo, Magnum Band, Tropicana, etc. Depuis plus de trente ans, ils remplissent, sans interruption ce rôle social et font la fierté des Haïtiens. Un peuple sans mémoire est un peuple sans culture, dit-on. A quand le musée des artistes ? Nous attendons la réponse du ministère de la Culture et de la Communication. 

L’exemple d’Hulric Pierre-Louis doit servir de détonateur pour collecter tout ce qui reste de nos glorieux artistes passés, de ces orchestres qui ont bercé notre jeunesse et qui continuent à le faire, de ces hauts lieux de détente, comme le Feu Vert Night-Club, Le Rex Théâtre, le Djoumbala, Cabane Choucoune, le Stade Sylvio Cator, etc. qui ont représenté et représentent encore des repères dans notre vie de peuple. On doit cataloguer ces sites pour pouvoir les agrandir et les entretenir. Il faut une loi sur le patrimoine national. 

En guise de postface 

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L’important est fait de petits riens. Le ministre de la Culture a de bonnes chances de rentrer debout dans l’Histoire en faisant ce travail de mémoire. Il l’a commencé en créant ce Prix d’Excellence Musicale Hulric Pierre-Louis qui sera décerné le 22 novembre de chaque année à un instrumentiste. N’oublions pas que ce jour est consacré à la patronne des musiciens, sainte Cécile. 

Ce prix oblige les générations futures à lier connaissance avec ce grand homme de la musique haïtienne. Elles devront chercher à connaître l’histoire des classiques composés par cet illustre personnage, les circonstances dans lesquelles ils ont été écrits, sa vie, et par voie de conséquence, l’histoire sans tâches du Grand Orchestre Septentrional. 

Le Prix d’excellence musicale Hulric Pierre-Louis est un pas vers la résurrection, le réveil d’un peuple endormi, n’ayant rien retenu de son passé et qui est encore à la recherche de son identité culturelle. Il faut un véritable travail de recherche, à l’instar de Ed Rainer Sainvil ou de Ralph Boncy, pour retrouver les traces de nos artistes d’antan. Tout le monde doit appuyer ce travail de recherche : la presse, les artistes eux-mêmes, leurs parents, les chercheurs, les musicologues, etc. 

Par ce geste symbolique, le ministre Lubin a mis de l’eau au moulin des artistes qui trouvent une motivation supplémentaire dans la réalisation de ce travail ingrat qui consiste à composer, à faire rire et danser, à plaire aux sens. Ce prix les empêchera de sombrer dans l’oubli…. D’autant que la majeure partie des artistes vivent dans la gêne bien avant leur retraite. Rappelons-nous Lumane Casimir, notre diva nationale !

Après Hulric, qui aura le prochain prix ?

Islam Louis Etienne

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