Jean Bally – DECEDE
CONSEILLER GENERAL DE 1964 A 2001 Jean Bally : un « accident politique » de plus de trente ans
G. GALLION -France-Antilles Martinique -28.08.2009
- Homme de défis, Jean Bally a été l’instigateur de nombreux projets et infrastructures dans les domaines du sport (piscine départementale) ou de l’agriculture.
Ancien maire du Carbet et conseiller général, Jean Bally
s’est éteint hier à l’âge de 85 ans.
Il aimait se définir comme un « accident politique » .
JEAN BAILLY : Oui, bien sûr. En fait, je n’ai pas décidé d’entrer en politique. Mon père meurt un peu avant les Cantonales de I964 alors que depuis quelques temps déjà je travaillais à la distillerie. Une trentaine de jeunes du Carbet est venue me trouver chez moi un samedi matin. C’étaient des marins pêcheurs, des agriculteurs, des ouvriers de mon âge que je connaissais très bien et avec qui j’allais à la pêche, disons que c’étaient des copains. Chaque fois qu’une senne était en caillées, à vingt ou trente mètres, ils venaient me trouver. Je leur ai répondu que je n’y connaissais rien en politique et que c’était une très mauvaise idée qui me choquait profondément. Je me suis rendu compte de mon attitude face à des gens qui étaient, en toute confiance et en toute amitié, venus me solliciter. Devant leur insistance, je leur ai parlé comme on parle à des amis en leur disant « zot ka anmerdé mwen, » et avec tout ce que vous pouvez imaginer d’autres en créole face à des amis avec qui vous vous sentez bien. Ils ont encore insisté. Je me suis rendu compte de la façon abominable dont je les avais reçus. Alors, je leur ai promis de réfléchir et donner réponse dans cinq jours.
On vous sollicite à une époque où les békés, à l’évidence, ont renoncé à une intervention directe en politique, comment expliquez-vous cet appel ?
JEAN BAILLY : Avant mon mariage, en 1947, j’avais loué une maison sur la plage, du quartier où fut construit l’hôtel Latitude. Là, j’ai sympathisé avec les marins pêcheurs. D’autre part, mon père avait donné un terrain au Renouveau du Carbet pour faire un stade et moi je prêtais régulièrement un tracteur à l’association qui aménageait un plateau. Le président du Renouveau, était un ami. Cela me plaisait de lui rendre service. Alors on peut, peut-être, expliquer cet appel parce que je rendais service à beaucoup de monde et sans arrière pensée.
Ils vous ont sollicité avec l’aval du maire en place ?
JEAN BAILLY : Non, le conseiller sortant qui était un ami, avait décidé de ne plus se représenter. Le maire ne m’a pas sollicité et il a appris la nouvelle comme tout le monde. Moi, j’étais embêté, j’ai demandé à mon épouse son avis, elle m’a répondu d’agir selon ma conscience que j’étais face à moi-même. Les deux amis que j’ai consultés m’ont fait la même réponse. J’étais à, l’époque, à la Jeune Chambre Economique et j’avais beaucoup d’amis. Deux d’entre eux m’ont dit qu’ils allaient m’aider.
Des Békés ?
JEAN BAILLY : Oui, ils m’ont demandé si j’avais des chances, j’ai répondu : « Je n’en sais foutre rien » Ils ont conclu : « Bon si tu es décidé, on est avec toi ». Cinq jours plus tard, j’ai revu ceux qui m’avaient sollicité. Je leur ai dit : qu’avec moi, ils n’avaient aucune chance, que je ne connaissais aucun homme politique, que je ne savais pas faire de politique, en plus je présentais un gros handicap, celui d’être béké. Avec ça vous êtes sûrs de perdre. Vous êtes vernis. Vous allez en entendre de vertes et de pas mûrs. Et, en aucun cas, je ne vois quelqu’un, parmi les élus du Conseil Général, qui dirait de voter pour un tel candidat. Ils vont être tous contre moi. C’est sûr. Ils m’ont répondu : « On s’en fout » Alors, je les regarde et je dis : « Très bien, j’accepte » Il y en a un qui me fixe et s’inquiète : « pa di nou ou ka vini et pi ou pa ka vini, han ! Quand tu auras déposé ta candidature et qu’un paquet de gens viendront, et te diront : « ladiè sa ! Sa ou ké fé ? » J’ai été vexé et je lui ai répondu : « minme si De Gaulle présenté koye kont mwen, mwen pa ka désisté misia ! »
Ah la connerie que j’avais faite ! Pendant le week-end, je pars à la pêche avec ma femme, quand je reviens le conseil municipal s’était réuni et avait donné l’investiture au candidat qu’il avait choisi, c’est-à-dire, le premier adjoint. Un ami. Je me suis dit, c’est cuit, je ne peux pas me présenter contre le premier adjoint et je l’ai fait savoir à mes amis. « Je suis votre candidat, puisque j’ai donné ma parole d’honneur, mais quand même, quand même, vous ne voyez pas que ce n’est pas sérieux alors que nous pourrions aider quelqu’un d’autre » Rien à faire. En désespoir de cause, je suis allé voir le conseiller sortant, lui aussi un ami, et je lui demandé de revenir sur sa décision et d’accepter de se représenter une nouvelle fois. Ce qui m’aurait libéré de ma promesse auprès de mes amis puisque s’ils étaient venus me trouver c’est parce que ce dernier ne se représentait pas. Mais celui-ci m’a répondu avec son accent inimitable : « Cher ami, ma décision est irrévocable et, croyez bien, je vous souhaite bien du plaisir »
J’étais coincé.
J’ai donc déposé ma candidature. Un des principaux supporters de mon adversaire me dit : « mais pourquoi ne laissez-vous pas le candidat désigné par la mairie se présenter au Conseil Général » Je lui ai répondu : « Je ne peux pas retirer ma candidature, j’ai donné ma parole d’honneur. Je meurs mais je la maintiens, même si je n’ai qu’une seule voix. Mais rassurez-vous, le candidat de la mairie va gagner. Il est obligatoirement gagnant face à moi. Moi je ne peux pas gagner. Personnes n’ira voter pour moi, à part quelques fous. La pression à ce moment était terrible. On voulait savoir qui était derrière moi, je répondais, mais une trentaine de types à qui j’ai donné ma parole d’honneur, eux seuls peuvent me libérer de ma promesse. Mé yo pa lé. La pression du côté béké était également très forte, elle venait curieusement d’amis békés de mon adversaire : « Sa ki pasé an tet’ou » m’a demandé l’un d’eux. Le député aussi est venu me voir disant qu’il était encore temps de retirer ma candidature je lui ai dit : « mais j’ai donné ma parole » Bref, je vous passe les détails.
Vous avez mené campagne :
JEAN BAILLY : Oh oui ! Cela a été rocambolesque. J’appelle mes deux amis de la Jeune Chambre, on se réunit chez moi, on apprend rapidement les lois en la matière et tout ce qu’il fallait faire : le nombre de bulletins, le nombre de machins, de ceci de cela, les subventions auxquelles j’avais droit, etc. C’étaient des techniciens de haute voltige de par leur formation et ils m’on déblayé la route. Alors, on fait mon programme. Et on commence les conférences. Les Conseillers généraux sont montés au Carbet : « Vous allez votez pour un béké, vous allez trahir votre race, votez pour un béké, c’est votez contre votre race. Vous n’avez pas honte ! » Il y avait là, beaucoup de maires d’autres communes. Alors là ! J’en ai entendu. Un de mes amis s’est fâché en disant qu’il en avait marre de cette affaire de béké et qu’il allait me donner un coup de boskaff, vous savez cette marque de cirage noir dont on ne parle plus. Je lui ai dit : « Mon ami, c’est Dieu qui décide de la vie, oui, il m’a fait béké, il t’a fait noir et ce n’est pas quand tu vas me donner ton coup de boskaff que tu me rendras noir, non ! Il a rit. Il me disait tout le temps que j’étais un nègre, je lui répondais : pas jouwé mwen., es mwen ka diw’ ou sé an bétyé ? Et on riait, vous voyez l’ambiance qu’il y avait entre nous ? Moi, mes conférences étaient simples, d’abord je les écrivais. Elles étaient très courtes et je les lisais. J’avais fait un programme qui était réalisable, c’était précis. Je n’étais pas dans les généralités et je citais les lieux où je voulais intervenir. Mais, parce que je lisais, les adversaires ont dit : « Vous voyez, en plus ce monsieur est un analphabète, il ne sait pas parler, c’est pour cela qu’il lit ses discours, autrement il n’aurait pas pu parler ! »
Vous savez ce qui s’est passé ? Aux conférences suivantes ceux qui me soutenaient ont tous écrit leur conférence en disant : « Nous, on écrit nos conférences parce que nous ne voulons pas faire comme l’adversaire qui ne raconte que des couillonades, nous leur conseillons de faire la même chose. » A la conférence du dernier samedi l’adversaire a été hué par des enfants. Alors quelqu’un m’a dit : « Jean, demain, il y aura des surprises ! Parce que les enfants font ce que leur papa et leur maman leur demandent de faire. »
Et finalement, comment cela se passe-t-il le jour du vote ?
JEAN BAILLY : Pas plus mal qu’ailleurs avec les petits incidents normaux d’un jour d’élection. Moi, j’étais toujours aussi convaincu que j’allais perdre, c’est vous dire ma profonde stupéfaction quand, lors des résultats, j’apprends que je l’emporte à une très forte majorité.
Le monde béké vous félicite ?
JEAN BAILLY : Oui, je reçois des félicitations. En fait, il ne m’avait pas vraiment engueulé, ils me disaient : tu es un béké, laisse les types faire de la politique. Ne te mêle pas de ça. Ils ont été soulagés de voir qu’il n’y avait pas eu d’explosion raciste.
Votre premier contact avec vos nouveaux collègues ?
JEAN BAILLY : Cela c’est bien passé. Je suis allé m’asseoir au fond, le représentant du parti gaulliste, l’U.D.R, m’a dit qu’il fallait que je vienne avec eux. Je lui ai répondu que je suis déjà enragé d’être conseiller, il veut encore que je rentre dans un parti ! Jamais. Il s’inquiète: « tu n’es pas à gauche ». Je réponds que « si j’étais à gauche, je serai à l’extrême gauche, je serai trotskyste mais que pour le moment toutes mes affinités sont à droite. Je suis non inscrit et dans la majorité des cas, je pense que tu peux compter sur moi. Je ne voulais pas être conseiller, mais je le suis et je vais faire tout mon possible pour respecter mes engagements. J’ai donné ma parole d’honneur. »
Vous êtes désormais totalement retiré de la vie politique, on ne vous entend plus, le farouche défenseur de la départementalisation que vous êtes ne se fait plus pas entendre, le débat statutaire ne vous intéresse plus ?
Jean BAILLY : Bien sûr que oui ! Je me battrai toujours contre l’indépendance de la Martinique. J’ai participé à la toute première réunion à Schœlcher organisée par « Osons Osé » J’ai dit mon désaccord profond avec leur position, car en 1972, commis d’office comme rapporteur en tant que président de la commission des textes, j’avais déjà été étroitement lié à une affaire analogue proposée par Pierre Mesmer ministre des DOM et qui concernait le statut des DOM, je vous passe les détails et les péripéties pour vous dire que finalement le président Emile Maurice demanda un rendez-vous à Michel Debré qui nous accueillit en tant que député de la Réunion, il nous déclara d’emblée : « Ce projet de statut que vous présente monsieur Mesmer , j’ai conseillé à mes amis Réunionnais, non seulement de ne pas l’étudier mais de le renvoyer sans examen , car c’est la copie de la loi cadre qui a été proposée à l’Afrique pour la décolonisation et qui devait lui accorder une plus large autonomie mais qui, en fait, l’a directement menée à l’indépendance en l’espace de 8 mois. Je vous conseille, comme le feront les Réunionnais, de voter le projet du gouvernement d’autant que vous êtes les seuls des Dom a posséder la structure d’une vraie région avec 3 départements ». Le jour du vote en assemblée plénière La Martinique a voté le projet du gouvernement comme la Réunion. La Guadeloupe et la Guyane ont voté le projet Mesmer qui a été refusé par le Conseil Constitutionnel.
DES MONDES CLOISONNES:
La réalité en 2005 est l’impression, voire la certitude tenace, que les békés tiennent à leur monde à part. Quelle est votre vision du présent ? Accepteriez-vous que votre fils ou votre fille épouse un(e) noir(e) ?
JEAN BAILLY : Les békés sont peu nombreux. Il n’y en a pas beaucoup. C’est comme dans les grandes familles de tous les pays. Qu’elles soient familles blanches, familles mulâtres, familles noires. Ce sont des gens qui se reçoivent entre eux pour les mariages, les baptêmes. Ils sont très soudés entre eux parce que justement ils ne sont pas nombreux. Parmi les békés, il y en a qui invitent, d’autres qui ne le font pas. Il y a une position de fréquentation, que je connais, où on n’invite pas les noirs. C’est vrai. On ne peut pas nier le problème raciste. Il a fortement existé, mais à l’heure actuelle, je crois qu’il y a une évolution telle que, de plus en plus, dans les mariages békés, il y a de plus en plus de noirs, de mulâtres et qui sont des amis de la famille
Si j’avais un enfant garçon ou fille qui voulant épouser un noir ou une noire ? Pour répondre à cette question je vous relate simplement le dialogue que j’ai eu avec un très bon ami noir qui m’a posé la même question. Je lui ai répondu que mon devoir de père était d’attirer l’attention de cet enfant sur le fait qu’ils étaient de milieux différents, que les békés ne se mélangent pas, et que le couple connaîtra forcément des problèmes. Mon ami me rétorque et si l’enfant répond « papa je l’aime » Ma réponse a été simple, ma femme et moi, nous respectons l’amour. Insistant d’avantage mon ami me demande si le jour de du mariage ma famille sera invitée ? Je réponds que ce serait un mariage normal ou j’inviterai ma famille et la famille du mari, ou de l’épouse. Bien entendu, il y a ceux qui viendraient et ceux qui ne viendraient pas.
Il a des enfants qui n’ont pas tenu compte de ces observations et qui ont très bien réussi parce que l’amour a triomphé. .
Question brutale, le béké en 2005 est-il encore un raciste ?
JEAN BAILLY : Il y a des racistes parmi les békés, parmi les noirs, parmi les mulâtres, parmi les zoreyes ! Il y a des racistes partout dans la population. Dans les grandes familles noires ou mulâtres, il y a une sélection qui est faite. Je suis béké, je respecte tous les nègres, tous les mulâtres. Je les mets au même niveau, et souvent au niveau supérieur, parce qu’ils ont des qualités que je n’ai pas et en conclusion … nous sommes tous des enfants de Dieu.
Oui, mais pourquoi ce regroupement au François ?
JEAN BAILLY : Ah, mais il ne s’agit pas d’un regroupement basé sur le racisme. C’est que tout le monde veut le François. Le François est un endroit extraordinaire et ceux qui y sont avaient les moyens d’acheter. J’ai moi-même acheté à l’Ilets Long un petit bout de terre, que j’ai revendu. Le François, c’est attractif. Il n’y a pas que le François, il y a aussi le Robert. Et dans ces deux cas, il n’y a pas que des békés. Au Capest, il y a des personnes, que je connais, qui ont acheté des terres et qui se sont regroupés eux et leur famille et ils ont fait un village. C’est la réalisation d’un rêve d’un groupe de personnes qui tenait à vivre en famille. Pas forcément entre békés mais entre membre de la même famille. Chacun cherche à être le mieux possible. Quand j’avais le petit bout de terre à l’Ilet Long à la petite pointe au sable blanc, vous savez ? Et bien, je n’ai jamais été aussi heureux qu’à cette époque. Ceux qui ont les moyens qu’ils soient noirs ou blancs se cherchent le cadre idéal.
Vous croyez vraiment que c’est une question de milieu social qui interdit encore les mariages noirs –békés ?
JEAN BAILLY : Il est sûr qu’existe un atavisme profond chez beaucoup, mas ce n’est pas forcément la conséquence de l’esclavage, ni du colonialisme. Il faut comparer cette attitude au comportement des grandes familles en France, complètement fermée à tout ce qui n’est pas de leur monde. C’est un peu le problème de mésalliance connue dans les grandes familles aristocratiques. A la Martinique il y a en plus le problème de la couleur de la peau.
Oui, mais tous les békés ne sont pas d’ascendance aristocratique, il y a de parfaits roturiers ou encore des boucaniers a odeur de graisse ayant fait fortune dans la Caraïbe.
JEAN BAILLY : Ce n’est pas une question d’aristocratie, sans doute de blocage. De situation particulière que le couple devra affronter. Il faut être courageux pour affronter une situation comme celle-là. Mais, il y en a qui ont eu ce courage qui se fichaient pas mal de savoir ce que l’on penserait d’eux, et qui ont réussi.
LA NECESSITE DE SE RENCONTRER
Si vous étiez né esclave dans une habitation, qu’elle aurait été votre attitude, aujourd’hui ?
JEAN BAILLY : Qu’est-ce que vous me demandez-là ? Vous savez, quand j’essaie d’imaginer cette époque mais c’était affreux. Je parle souvent de Martin Luther King et de son action non violente que j’approuve totalement, mais si j’avais été moi-même esclave, assurément, j’aurai été un neg mawon.
Donc, Jean Bailly maire, conseiller général, conseiller régional a donc approuvé et approuve encore le combat de ceux qui se sont battus pour leur liberté ?
JEAN BAILLY : Absolument ! Les révoltes actuellement en Syrie et au Liban sont tout à fait justifiées. N’ayons pas peur d’examiner ces problèmes dans le fond et dans le principe. La France a aidé l’Amérique pour que les esclaves soient libérés lors de la guerre de sécession. Ensuite les U.S.A se sont battus aux côtés de la France pour échapper à l’esclavage du nazisme. J’approuve toute volonté de libération, dès lors que les moyens pour les obtenir sont sains et ne sont pas acquis par des moyens pires que l’esclavage, c’est-à-dire le terrorisme où l’on tue des femmes, des enfants. La solution pour la Martinique d’aujourd’hui ne passe pas, heureusement, par ces moyens-là.
Oui, mais si la Martinique vit son passé au présent, c’est sans doute parce que les problèmes du passé ne sont pas résolus. A votre avis que faudrait-il faire pour que le passé ne soit plus handicap, mais force ?
JEAN BAILLY : La rencontre entre les gens. Tous les martiniquais peuvent et doivent proposer des choses pour leur pays. Notamment ceux qui ont de l’expérience et qui sont actuellement à la retraite. Ils sont grandement qualifiés, qu’ils soient békés, négres ou mulâtres. Mettons-nous ensemble pour mettre notre savoir et notre expérience à la disposition de notre pays. C’est la rencontre permanente entre les gens qui va amener la soudure qui nous manque.
Oui, mais beaucoup ont l’impression que les békés ne sont pas tellement d’accord pour cette rencontre.
JEAN BAILLY : Je n’en suis pas persuadé. Vous savez il y a un endroit où l’on voit régulièrement négres békés mulâtres ensembles et soudés c’est dans les groupes de prières. Hommes comme femmes. Je peux en témoigner.
Pourquoi la religion ? Les gens ont-ils mauvaise conscience, ont-ils ils des choses à se reprocher ?
JEAN BAILLY : Mais sûrement ! Qui n’a rien à se reprocher ? J’ai été élevé dans la religion et j’ai appris que personne ne peut dire qu’il n’a rien à se reprocher. Il y a des choses que vous gardez au fond de vous et que vous livrez au moment de la confession. J’ai été élevé avec la conception du péché de la chair, bien longtemps après j’ai compris qu’en réalité le plus gros péché est le non amour du prochain. Et nous en sommes là !
DE LA NECESSITE DU PARDON
Certains disent que la société martiniquaise ne pourra fonctionner normalement que le jour où le béké demandera pardon, qu’en pensez-vous?
JEAN BAILLY : D’abord je vous conte une anecdote : à peine élu, j’ai été reçu à Radio Caraïbe qui à l’époque se trouvait dans l’île de la Dominique. Au cours de l’émission on me parle de la parution du livre du pasteur protestant Martin Luther King. Je venais justement de le lire. Le thème était la lutte contre l’apartheid et prônait une lutte basée sur la non violence et l’amour entre les hommes. C’est dire que je partageais tout à fait ce point de vue et fis un éloge dithyrambique de l’ouvrage et de son auteur qui invitait les gens des deux côtés à se rapprocher dans une union basée sur l’amour. Amour qui nous a été prêché par le Christ lors de sa venue sur terre et demandant aux hommes de se pardonner et de s’aimer comme lui les avait aimés. Pour en revenir à votre question, ma réponse évidemment, n’engage que moi, je ferai référence au pape J.Paul II et à sa déclaration solennelle demandant pardon au nom de l’Eglise Catholique pour ses erreurs et fautes graves au temps de l’Inquisition et pour avoir toléré l’esclavage, récemment reconnu comme crime contre l’humanité. En tant que membre de l’Eglise Catholique et pratiquant, je m’associe pleinement au pardon demandé par le Saint-Père, et je pense que tous les fidèles catholiques en ont fait autant, qu’ils soient blancs, qu’ils soient noirs ou de nationalités différentes et que ceux qui ont pratiqué l’esclavage soit en vendant les esclaves, soit en les achetant se sont associés au pardon demandé par J. Paul. Le béké d’aujourd’hui, tout comme moi, n’est pas solidaire du passé de gens qui ont été des esclavagistes. Nous ne sommes pas responsables, mais en même temps nous sommes tous responsables puisque nous avons vécu et vivons encore une période où les barrières sociales sont des séquelles de ce passé. Mais je n’ai aucun blocage à ce niveau, je dis que tout ce qui peut conduire à la bonne entente entre les Martiniquais doit être examiné. Et, le fait que le Pape ait déjà pris position est un engagement … pour moi !
Propos recueillis par Tony DELSHAM
A madame Bailly et à ses enfants, qu’il me soit permis de présenter mes sincères condoléances.
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