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( 20 décembre, 2001 )

Léopold Sédar SENGHOR-Décédé

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Léopold Sédar SENGHOR

Biographie de Léopold Sédar SENGHOR :
Artiste, écrivain, Homme d’état, Homme politique, Poète et Président (Sénégalais)
Né le 09 octobre 1906
Décédé le 20 décembre 2001 (à l’âge de 95 ans)
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http://www.dailymotion.com/video/x3k56h
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Léopold Sédar Senghor (Joal, Sénégal, 9 octobre 1906 – Verson, France, 20 décembre 2001) était un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Symbole de la coopération française en Afrique pour les uns ou du néo-colonialisme français pour les autres. Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980). Senghor fut aussi le premier Africain à siéger à l’Académie française.

Léopold Sédar Senghor naquit le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville côtière située au sud de Dakar, Sénégal. Son père, Basile Diogoye Senghor, était un commerçant catholique appartenant à la bourgeoisie sérère, une ethnie minoritaire au Sénégal. Originaire de Djilor, sa mère, Gnilane Ndiémé Bakhou (-1948), que Senghor appelle dans Élégies « Nyilane la douce », appartient à l’ethnie sérére et à la lignée « tabor ». C’est la troisième épouse de Basile Senghor. Elle eut six enfants, dont deux garçons. Le prénom sérére Sedar de Senghor signifie « qu’on ne peut humilier ». Son prénom « Léopold » lui fut donné par son père en souvenir de Léopold Angrand riche commerçant mulâtre amis et employeur ponctuel de son père. Senghor commença ses études au Sénégal, d’abord chez les Pères du Saint-Esprit à Ngazobil, puis à Dakar au collège-séminaire et à l’école laïque. Il est déjà passionné de littérature française. Une fois son baccalauréat en poche, il obtint une bourse pour poursuivre ses études supérieures en France.

Senghor arrive en France en 1928. Cela marquera le début de « seize années d’errance », selon ses dires. Il sera tout d’abord étudiant à la Sorbonne mais très vite découragé, il poursuivra en hypokhâgne et khâgne à Louis-le-Grand où il prépare le concours d’entrée à l’École normale supérieure. Il y côtoie Paul Guth, Henri Queffélec, Robert Verdier et Georges Pompidou avec qui il se liera d’amitié. Il y rencontre également Aimé Césaire pour la toute première fois. Après un échec au concours d’entrée, il décide de préparer l’agrégation de grammaire. Pour l’agrégation, il fait une demande de naturalisation[1]. Il obtient l’agrégation de grammaire en 1935, après une première tentative non couronnée de succès. Contrairement à ce qui est souvent dit, Senghor n’a pas été le premier Africain agrégé. En réalité, le premier Sénégalais reçu à Normale Sup est Omar Diop Blondin qui fut notamment l’un des acteurs du film La Chinoise de Jean-Luc Godard.

Il débute sa carrière d’enseignant au lycée Descartes à Tours puis au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, dans la région parisienne. Outre ses activités d’enseignant, il suit des cours de linguistique négro-africaine dispensés par Lilias Homburger à l’École pratique des hautes études et ceux de Marcel Cohen, Marcel Mauss et de Paul Rivet à l’Institut d’ethnologie de Paris.

En 1939, Senghor est enrôlé comme officier de l’armée française dans la 59e division d’infanterie coloniale. Un an plus tard, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à La Charité-sur-Loire. Il est interné dans divers camps puis au Front Stalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales. Les Allemands voulaient le fusiller le jour même de son incarcération ainsi que les autres soldats noirs présents. Ils échapperont à ce massacre en s’écriant « Vive la France, vive l’Afrique noire ». Les Allemands baissent leurs armes car un officier français leur fait comprendre qu’un massacre purement raciste nuirait à l’honneur de la race aryenne et de l’armée allemande. Au total, Senghor passera deux ans dans les camps de prisonniers, temps qu’il consacrera à la rédaction de poèmes. En 1942, il est libéré, pour cause de maladie. Il reprend ses activités d’enseignant et participe à la résistance dans le cadre du Front national universitaire.

Au lendemain de la guerre, il reprend la chaire de linguistique à l’École nationale de la France d’outre-mer qu’il occupera jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960. Au cours d’un de ses voyages de recherche sur la poésie Sérère au Sénégal, le chef de file local des socialistes, Lamine Gueye lui propose d’être candidat à la députation. Senghor accepte et est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l’Assemblée nationale française où les colonies viennent d’obtenir le droit d’être représentées. Il se démarqua de Lamine Guèye au sujet de la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger. Ce dernier vote contre car le mouvement social paralysait la colonie alors que Senghor soutient le mouvement, ce qui lui valut une grande popularité. En 1946, Senghor se marie avec Ginette Eboué, la fille de Félix Eboué, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française avec qui il eut deux fils, Francis-Arphang (1947-) et Guy-Wali (1948-1984). Il lui consacrera le poème « Chants pour Naëtt » repris dans le recueil de poèmes « Nocturnes » sous le titre « Chants pour Signares ».

Fort de son succès, il quitte l’année suivante la section africaine de la section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) qui avait soutenu financièrement en grande partie le mouvement social, et fonde avec Mamadou Dia le Bloc démocratique sénégalais (1948), qui remporta les élections législatives de 1951. Lamine Guèye perd son siège.

Réélu député en 1951 comme indépendant d’Outre-mer, il est secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure du 1er mars 1955 au 1er février 1956, devient maire de Thiès au Sénégal en novembre 1956 puis ministre conseiller du gouvernement Michel Debré, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961. Il fut aussi membre de la commission chargée d’élaborer la constitution de la Cinquième République, conseiller général du Sénégal, membre du Grand Conseil de l’Afrique occidentale française et membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Entre temps, il divorça de sa première femme en 1956 et se remaria l’année suivante avec Colette Hubert, une française originaire de Normandie avec qui il eut un fils, Philippe-Maguilen (1958-1981). Il consacrera recueil « Lettres d’Hivernage » à sa seconde femme. Senghor fait paraître en 1964 le premier volume d’une série de cinq volumes intitulée Liberté. Ce sont des recueils de discours, allocutions, essais et préfaces.

Senghor est un fervent défenseur du fédéralisme pour les États africains nouvellement indépendant, une sorte de « Commonwealth à la française ». Le 13 janvier 1957, une « convention africaine » est créée. La convention réclame la création de deux fédérations en Afrique française. Senghor se méfie de la balkanisation de l’AOF en huit petits états[3]. Le fédéralisme n’obtenant pas la faveur des pays africains, il décide de former, avec Modibo Keïta, l’éphémère fédération du Mali avec l’ancien Soudan français (l’actuel Mali). La fédération du Mali est constituée en janvier 1959 et regroupe le Sénégal, le Soudan français, le Dahomey (l’actuel Bénin) et la Haute-Volta (l’actuel Burkina Faso). Un mois après, le Dahomey et la Haute-Volta quittent la fédération refusant sa ratification. Les deux fédéralistes se partagent les responsabilités. Senghor assure la présidence de l’assemblée fédérale. Modibo Keïta prend la présidence du gouvernement. Les dissensions internes provoquent l’éclatement de la fédération du Mali. Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance et le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la République du Mali.

Élu le 5 septembre 1960, Senghor préside la toute nouvelle République du Sénégal. Il est l’auteur de l’hymne national sénégalais, le Lion rouge. Le Premier ministre, Mamadou Dia, est chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que Senghor est en charge des relations internationales. Les deux hommes entrent rapidement en conflit. En décembre 1962, Mamadou Dia est arrêté et suspecté d’avoir tenté un coup d’État. Il restera douze ans en prison. À la suite de cet événement, Senghor instaure un régime présidentiel. Le 22 mars 1967 Senghor échappe à un attentat. Le coupable sera condamné à mort.

Il démissionne de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf le remplace à la tête du pouvoir. Sous sa présidence, le Sénégal a instauré le multipartisme (limité à trois composantes : socialiste, communiste et libérale), ainsi qu’un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate. Néanmoins, il réprima violemment plusieurs mouvements estudiantins.

Il soutint la création de la Francophonie et fut le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.

En 1982, il a été l’un des fondateurs de l’Association France et pays en voie de développement dont les objectifs étaient de susciter une conscientisation des problèmes de développement des pays du Sud, dans le cadre d’une refonte des données civilisatrices.

Il est élu à l’Académie française le 2 juin 1983, au 16e fauteuil, où il succède au duc de Lévis-Mirepoix[4]. Il est le premier africain à siéger à l’Académie française, celle-ci poursuivant ainsi son processus d’ouverture après l’entrée de Marguerite Yourcenar. La cérémonie par laquelle Senghor entre dans le cercle des académiciens a lieu le 29 mars 1984, en présence de François Mitterrand.

En 1993, paraît le dernier volume des Liberté : Liberté 5: le dialogue des cultures.

Il a passé les dernières années de son existence auprès de son épouse, à Verson, en Normandie où il est décédé le 20 décembre 2001. Ses obsèques ont eu lieu le 29 décembre 2001 à Dakar en présence de Raymond Forni, président de l’Assemblée nationale et de Charles Josselin, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Jacques Chirac et Lionel Jospin, respectivement président de la République française et Premier ministre de l’époque ne s’y sont pas rendus. Ce manque de reconnaissance a suscité une vive polémique. Le parallèle a été fait avec les tirailleurs sénégalais qui, après avoir contribué à la libération de la France, ont dû attendre plus de 40 ans pour avoir le droit de percevoir une pension équivalente (en terme de pouvoir d’achat) à celle de leurs homologues français. L’académicien Érik Orsenna écrivit dans Le Monde un point de vue intitulé : « J’ai honte ». Dans les milieux littéraires et poétiques, l’absence des deux premiers responsables politiques français à ces obsèques a été encore plus sévèrement jugée. On a pu lire : s’évitant de voir leur vision étriquée du monde confrontée à l’ampleur de la puissance intellectuelle du poète africain, d’un point de vue purement ontologique, leur absence même est un hommage suprême rendu au chantre de la francophonie.

Le fauteuil numéro 16 de l’Académie française laissé vacant par la mort du poète sénégalais, ce sera un autre ancien président, Valéry Giscard d’Estaing qui le remplacera. Comme le veut la tradition, il rendra hommage à son prédécesseur lors d’un discours de réception donné le 16 décembre 2004. Confronté au puzzle senghorien, il décidera de présenter les différentes facettes de Senghor « De l’élève appliqué, puis de l’étudiant déraciné ; du poète de la contestation anti-coloniale et anti-esclavagiste, puis du chantre de la négritude ; et enfin du poète apaisé par la francisation d’une partie de sa culture, à la recherche lointaine, et sans doute ambiguë, d’un métissage culturel mondial ».

Senghor a reçu de nombreuses décorations au cours de sa vie, dont la grand-croix de la Légion d’honneur, la Grand-croix de l’ordre national du Mérite, Commandeur des Arts et des Lettres, Commandeur des Palmes académiques et Grand-croix de l’ordre du Lion du Sénégal. Ses faits d’armes lui vaudront la médaille de la Reconnaissance franco-alliée 1939-1945 et la Croix de combattant 1939-1945. Il est docteur honoris causa de trente-sept universités. L’ université internationale de langue française d’Alexandrie inaugurée en 1990 porte son nom.

Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l’espoir de créer une Civilisation de l’Universel, fédérant les traditions par delà leurs différences. Senghor a estimé que le langage symbolique de la poésie pouvait constituer les bases de ce projet. En 1978, Senghor reçut le prix mondial Cino Del Duca.

Le poème À l’appel de la race de Saba paru en 1936 est inspiré de l’entrée des troupes italiennes à Addis-Abeba.

Il fit également partie des premiers comités de la Société des poètes et artistes de France dans les années 1950 et 1960.

Alors qu’il était étudiant, il créa en compagnie du martiniquais Aimé Césaire et du guyanais Léon Gontran Damas la revue contestataire L’Étudiant noir en 1934. C’est dans ces pages qu’il exprimera pour la première fois sa conception de la négritude, notion introduite par Aimé Césaire, dans un texte intitulé « Négrerie ». Césaire la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ». Senghor explique en ces termes le concept de Négritude « la Négritude, c’est l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu’elles s’expriment dans la vie, les institutions et les œuvres des Noirs. Je dis que c’est là une réalité : un nœud de réalités » (Liberté 11, Négritude et Humanisme, p. 9).

Bien que socialiste, Senghor se tint à l’écart des idéologies marxiste et anti-occidentale devenues populaires dans l’Afrique post-coloniale, favorisant le maintien de liens étroits avec la France et le monde occidental. Beaucoup y voient une contribution décisive dans la stabilité politique du pays – qui demeure une des rares nations africaines à n’avoir jamais eu de coup d’État et avoir eu des transferts toujours pacifiques du pouvoir.

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( 18 décembre, 2001 )

Gilbert BÉCAUD-Décédé

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Gilbert BÉCAUD-Décédé

Gilbert BÉCAUD

Biographie de Gilbert BÉCAUD :

Artiste, Chanteur, Compositeur et Musicien (Francais)
Né le 24 octobre 1927
Décédé le 18 décembre 2001 (à l’âge de 74 ans)

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Le « Monsieur 100.000 volts » de la chanson française, l’homme aux cravates à pois ! Star dès les années 50, Bécaud a su résister à toutes les modes jusqu’à sa disparition en 2001. Son nom reste attaché à l’Olympia, scène parisienne sur laquelle il est monté trente-trois fois. C’est sur les bords de la Méditerranée, à Toulon, que naît François Silly, alias Gilbert Bécaud, le 24 octobre 1927. Son père quitte sa famille lorsque François est encore très jeune, mais sans divorcer. Madame Silly ne peut donc pas épouser son nouveau compagnon, Louis Bécaud, que François, son frère Jean et sa sour Odette considèrent désormais comme leur père. François s’intéresse à la musique dès ses premières années, et en particulier au piano qu’il pratique brillamment assez vite. A neuf ans, il entre au conservatoire de Nice où il reste jusqu’à ce que la famille quitte Toulon pendant la guerre en 1942.

La mère de François, surnommée Mamico, souhaite donner toutes les chances à son fils pour qu’il pratique son art dans les meilleures conditions. En 1943, la famille prend la direction d’Albertville en Savoie sous l’impulsion de Jean, le frère aîné. Jean est alors un membre actif de la résistance dans le Vercors, et François le rejoint quelques temps. A la fin de la guerre, tout le monde rentre à Paris. François a vingt ans et décroche quelques contrats dans les bars ou les cabarets en tant que pianiste. Il commence aussi à composer quelques musiques de films sous le nom de François Bécaud. La SACEM (Société des auteurs compositeurs) enregistre son nom pour la première fois en 1947. Puis, il va venir à la chanson doucement à travers tout d’abord sa rencontre avec Maurice Vidalin. En 1948, François/Gilbert Bécaud compose pour la chanteuse Marie Bizet qui lui présente un jeune auteur, Pierre Delanoë. Vidalin et Delanoë deviennent des amis proches de Bécaud et ensemble ils écriront d’innombrables tubes inoubliables.

En 1950, grâce encore à Marie Bizet, François/Gilbert Bécaud rencontre Jacques Pills, chanteur très à la mode à cette époque. Bécaud devient son accompagnateur, et ensemble, ils entreprennent plusieurs tournées triomphales, en particulier aux Etats-Unis. C’est là qu’il font la connaissance d’Edith Piaf pour qui ils rêvent d’écrire. Ils lui présentent alors la chanson « Je t’ai dans la peau » dont la chanteuse raffole immédiatement. Peu de temps après, Jacques Pills épouse Piaf. La collaboration avec Pills cesse mais Bécaud devient régisseur de Piaf.

En 1952, François Silly prend définitivement le nom de Gilbert Bécaud. C’est aussi à cette époque qu’il adopte quelques habitudes qui ne le quitteront plus, telle sa cravate à pois sans laquelle il ne montera désormais jamais sur scène. Toujours en 1952, il rencontre celui qui, avec Vidalin et Delanoë, va aussi devenir un de ses paroliers fétiches, Louis Amade. Haut Fonctionnaire, Louis Amade se partagera toute sa vie entre ses fonctions officielles et l’écriture. Gilbert Bécaud fait également la connaissance en 52 d’un jeune compositeur et chanteur débutant comme lui, Charles Aznavour. Comme pour Bécaud, Piaf a ouvert les portes de l’Amérique à Aznavour à la fin des années 40. Les deux jeunes artistes commencent à composer ensemble, et de nombreuses fois au cours de leurs carrières triomphales, ils se retrouveront pour écrire ensemble.

Enfin en 1952, Gilbert Bécaud épouse Monique Nicolas, dont il aura un fils l’année suivante, Gaya. Tout va très vite désormais pour Bécaud qui possède tous les atouts du succès : son talent de compositeur, des auteurs talentueux, et une solide expérience de la scène acquise durant ses longues tournées avec Jacques Pills.

Le 2 février 1953, Bécaud enregistre ses deux premiers titres, « Mes mains », signé Delanoë, et « Les Croix », signé Amade. Son fils Gaya, naît exactement le même jour. A ce moment-là, ce qui va devenir la salle de spectacle la plus célèbre de Paris, l’Olympia est sur le point de rouvrir après vingt-cinq ans d’abandon. Le propriétaire, Bruno Coquatrix, pense à Bécaud pour la toute première affiche en février 54. Bécaud n’est alors que vedette américaine. Mais lorsque le 17 février 1955, il remonte sur la scène de l’Olympia en vedette cette fois, le triomphe est au rendez-vous. A cette occasion, a lieu la célèbre séance en matinée au cours de laquelle quatre mille jeunes, emportés par l’incroyable énergie de Gilbert Bécaud, détériorent une partie de la salle, événement assez inédit pour l’époque. La presse relate largement les faits et Bécaud bénéficie de surnoms tels « Monsieur Dynamite », « Le champignon atomique » ou le plus célèbre d’entre eux, « Monsieur 100.000 volts ».

Cet incident marque en fait le véritable départ de la carrière de Bécaud et surtout son attachement à l’Olympia, dont il reste l’emblème. Le nombre de ses passages dans cette salle est un record (plus de trente fois de 1954 à 1997). Sa fougue, sa jeunesse, sa voix chaleureuse et son tempérament méditerranéen sont autant d’atouts pour établir une complicité avec le public qui ne se démentira jamais.

Dès 1955, Bécaud consacre une grande partie de son temps aux tournées qui l’emmènent de l’Europe à l’Amérique du Nord en passant par le Maghreb. Chaque année, il donnera parfois jusqu’à deux cent cinquante concerts sur toutes les scènes du monde. De plus, il ne cesse de composer et avec la complicité de ses trois auteurs favoris, il crée et enregistre sans relâche. On peut juste citer en 1956, « La corrida », en 57 « Les marchés de Provence » ou en 58 « C’est merveilleux l’amour ».

Parallèlement à la chanson, Gilbert Bécaud fait ses débuts au cinéma en 1956 dans « Le pays d’où je viens » Marcel Carné. Il en compose également la musique. Cependant, le 7ème Art restera toujours en second plan dans la carrière du chanteur. En 1957 naît son second fils, Philippe. Fin 1958, disparaissent son père et son beau-père à deux semaines d’intervalle. Après le démarrage en trombe d’une carrière qui ne fait que commencer, Gilbert Bécaud attaque les années 60 triomphalement. Vedette internationale, son énergie enthousiasme des publics de toute nationalité. En 1960, il reçoit le Grand Prix du Disque. Compositeur curieux, il crée cette année-là une Cantate de Noël, « L’Enfant à l’étoile », qui est diffusée à la télévision lors de la soirée du 24 décembre 60 depuis l’église Saint-Germain l’Auxerrois à Paris.

1961 est l’année de « Et maintenant », célèbrissime titre de Gilbert Bécaud, signé par Pierre Delanoë pour le texte. Cette chanson sera reprise plus de cent cinquante fois, et la version anglaise « What now my love » fera le tour du monde. Après sa Cantate, Gilbert Bécaud se lance en 1962 dans une nouvelle expérience de taille : un opéra. Déjà en partie composé depuis plusieurs années, l’entreprise est longue et complexe à monter avant cette date du 25 octobre 1962 où enfin, Gilbert Bécaud peut présenter son ouvre, « L’Opéra d’Aran » devant le Tout-Paris réuni pour la première au Théâtre des Champs-Élysées. Dirigé par le chef d’orchestre Georges Prêtre, cet opéra lyrique est joué cent fois. Les critiques sont plutôt bonnes et aujourd’hui encore, le spectacle est repris régulièrement sur des scènes étrangères.

Cependant, c’est dans son rôle de chanteur et d’homme de scène que le public préfère Bécaud. Après l’épuisante expérience de l’Opéra, le chanteur reprend en 1963 ses tournées (le Japon) et ses enregistrements. Le titre phare de cette année-là est « Un Dimanche à Orly », allusion à ses innombrables passages dans l’aéroport parisien. Dans ce début des années 60, une nouvelle vague de chanteurs, ceux qu’on appelle les yéyés et qui marquent l’arrivée du rock’n'roll dans le paysage musical français, font une concurrence impitoyable à la génération précédente, dont Bécaud fait partie. Comme Aznavour, Bécaud commence donc à écrire pour ces jeunes chanteurs, dont Richard Anthony ou Hervé Vilard. Le jeune Eddy Mitchell se lance même dans une reprise de « Et maintenant ». Bécaud compose surtout en 1960 « Age tendre et tête de bois » qui devient le générique d’une célèbre émission de télévision pour les jeunes. Enfin, l’événement national qui marque la France en octobre 1963 est la mort d’Edith Piaf et de l’écrivain Jean Cocteau le même jour. Pour Bécaud, comme pour tous les Français, la mort de Piaf est un choc, mais celle de Cocteau marque la disparition d’un ami qui l’avait encouragé à ses débuts et au moment de ses premiers passages sur la scène de l’Olympia.

1964, c’est l’année de « Nathalie », titre phare de son répertoire et qui atteint en quelques mois des scores de ventes exceptionnels. Gilbert Bécaud l’interprète à l’Olympia pour son dixième passage sur la scène du boulevard des Capucines. Puis, « l’Opéra d’Aran » part en tournée à travers la France et l’Europe. L’année suivante, Bécaud repart en tournée à travers la France, puis s’envole pour l’URSS le 24 avril. De 65, on retient « Quand il est mort le poète » et « Tu le regretteras », chanson dédiée au Général de Gaulle, et qui fit couler un peu d’encre en cette année d’élections présidentielles. D’ailleurs, Gilbert Bécaud choisira de ne jamais chanter cette chanson sur scène. Après six semaines de tournée en Allemagne début 66, Gilbert Bécaud donne un concert en direct à la télévision américaine le 22 avril, avant de s’envoler pour l’Amérique du Sud. Le 8 octobre, il remonte son opéra en Belgique avant d’en effectuer un nouvel enregistrement plus moderne et dans lequel, il s’attribue pour la première fois un rôle. En 1966, naît son troisième enfant, Anne.

Après l’incroyable succès de « What now my love »(« Et maintenant »), c’est la version anglaise de « Je t’appartiens » (1955), soit « Let it be me », qui devient un succès planétaire en 67. Bob Dylan, Nina Simone, Sonny and Cher ou James Brown, la liste des interprètes de cette nouvelle version demeure impressionnante. En outre, il crée également en 67 une autre de ses chansons les plus célèbres, « L’important c’est la rose » qu’il chante devant son public lors de son douzième Olympia à partir du 17 novembre.

La fin des années 60, se termine entre tournées, émissions de télévision et enregistrements. Gilbert Bécaud est désormais un artiste majeur de la chanson française. Certains de ses titres sont des classiques et sa popularité est énorme. Les années 70 démarrent avec le très beau titre, « La solitude ça n’existe pas », écrit avec Delanoë. Mais Bécaud a un faible pour « La vente aux enchères » dont le texte est signé Maurice Vidalin. Le chanteur enregistre un peu moins de nouveaux titres, mais ses récitals restent nombreux et sa puissance scénique n’a rien perdu de sa vigueur. Le public l’adore et lors de son Olympia de février 72, on compte dix-neuf rappels ! Fin 72, Gilbert Bécaud publie une intégrale en six triples albums ! Cette année-là, il revient également devant les caméras dans le film de Roberto Muller, produit par Claude Lelouch, « Un homme libre ».

En 1973, il joue cette fois dans un film de Claude Lelouch, « Toute une vie ». Mais, après ces deux films, il se replonge dans la chanson et entame son seizième Olympia en octobre. Le rythme effréné de la vie du chanteur depuis une vingtaine d’années finit par se faire sentir. Gilbert Bécaud est fatigué. De plus, il fume beaucoup, et le tabac représente de plus en plus un handicap pour sa voix.

Comme en 1960, sa cantate de Noël est diffusée à la télévision en mondiovision le 24 décembre 73. Trois semaines plus tard, le 14 janvier 1974, Gilbert Bécaud est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur. La cérémonie a lieu – fait exceptionnel – sur la scène de l’Olympia et la décoration lui est remise par Louis Amade lui-même, compositeur mais aussi préfet. 1974 et 1975 se déroulent sur fond de tournées internationales. En 1976, il commence à collaborer avec un autre jeune auteur, Pierre Grosz (« Mais où sont-ils les jours heureux ? »).

Toujours en 76, Gilbert Bécaud épouse une jeune américaine, Kitty St John, dont il a eu une fille, Emily, en 1972. Il a maintenant 5 enfants : Gaya, Philippe, Anne, Emily et Jennifer, née à la fin des années 60 et fille de Janet Woollacoot. A cette époque, il acquiert en outre une immense ferme dans le Poitou qui représente un des ports d’attache de sa famille très unie. Une fois encore, Gilbert Bécaud occupe le devant de la scène pour le réveillon de Noël puisque le 24 décembre 76, il chante « La première cathédrale » en direct du parvis de la cathédrale Notre Dame de Paris, titre écrit avec un autre jeune auteur, Franck Thomas.

L’année 77 est dominée par la création de « L’indifférence », co-signée par Maurice Vidalin. Le titre reçoit l’Oscar de la meilleure chanson française. Puis, en cette veille des années 80, Gilbert Bécaud prend du recul et se fait plus rare. Si 1979 fut une année silencieuse, 1980 démarre en trombe avec un nouvel album en tout début d’année. Puis les tournées reprennent aussi vite, avant un nouvel Olympia à l’automne pendant cinq semaines. Du Japon au Canada, Gilbert Bécaud est accueilli partout à bras ouverts. Il reçoit la médaille d’or de la SACEM en 82, pour l’ensemble de sa carrière, et crée cette année-là, « Désirée » qui sera son tube des années 80. A partir du 30 septembre 83, Bécaud entame un nouvel Olympia et en profite pour célébrer ses trente ans de carrière. Le titre « Mustapha Dupont » domine sa production 84 par son sujet très sensible dans la France des années 80, l’immigration.

C’est en 1986 que se passe un nouvel événement important pour Gilbert Bécaud : la création mondiale de sa nouvelle comédie musicale « Madame Roza ». Inspirée du roman de Emile Ajar (alias Romain Gary), ce spectacle est terminé depuis 83, mais de nombreuses difficultés ont obligé Bécaud à attendre trois ans avant de voir enfin sa nouvelle création sur une scène. C’est aux Etats Unis que le spectacle est créé. D’abord à Baltimore, puis à Los Angeles avant d’arriver enfin à Broadway le 1er octobre 1987. Le succès est au rendez-vous, mais la pièce devra attendre des années avant d’être jouée à Paris.

En 1988, pour son vingt-deuxième Olympia, Gilbert Bécaud met au point deux séries de concerts, le spectacle rouge et le spectacle bleu, qu’il donne en alternance. A chaque soirée correspond un répertoire différent d’une trentaine de titres. Cette année-là, Gilbert Bécaud quitte sa maison de disques EMI pour intégrer BMG qui rachète la quasi-totalité de son répertoire. C’est donc chez BMG, sous le label Ariola, qu’il publie un nouvel album en 1989, « Fais-moi signe ». Outre des textes de Pierre Delanoë et de Louis Amade, Bécaud est aussi entouré de Claude Lemesle (« Quand la musique s’arrête ») et de Didier Barbelivien (« Après toi c’est la mer »).

En 1991, la mère de Gilbert Bécaud, Mamico, disparaît à l’âge de 100 ans. Cette année-là, le chanteur donne deux cent quarante-neuf concerts à travers le monde, dont à l’Olympia où il s’installe du 1er au 20 octobre, mais il déclare qu’il abandonne la scène. Après la mort de sa mère, puis d’Yves Montand en novembre, Gilbert Bécaud connaît un léger découragement.

Pourtant, dès 92, il retrouve le chemin des studios et enregistre une troisième version de son opéra réalisée par son fils, Gaya. En outre, il écrit avec Pierre Delanoë un nouvel album qui, en seize titres, résume la vie du chanteur. Enregistré aux Etats-Unis sous l’égide du producteur Mick Lanaro, « Une vie comme un roman » sort le 2 février 1993, quelques mois après la disparition d’un de ses auteurs fétiches et amis proches, Louis Amade. Du 2 au 24 octobre, Gilbert Bécaud retrouve son public sur la scène du Palais des Congrès.

De 1992 à 1996, Gilbert Bécaud prend du temps pour se remettre en forme. Le tabac est encore un problème et c’est entre la Corse, le Poitou et la péniche sur laquelle le couple s’est installé en 92 à Paris, que le chanteur se repose. Cela ne l’empêche pas de travailler avec ses auteurs, Delanoë, Claude Lemesle, Pierre Grosz, Franck Thomas ou Jean-Michel Bériat. De plus, on commence à reparler de la comédie musicale « Madame Roza » qui pourrait bien être enfin montée en France. La chanteuse Annie Cordy est pressentie pour le rôle vedette. En 1996, l’auteur dramatique, Didier van Cauwelaert commence à travailler sur une adaptation qui serait mise en scène par Jérôme Savary.

Le 15 novembre 1996 sort l’album « Ensemble » écrit au cours de ces années sabbatiques, avec en outre un titre de Louis Amade. 1997 est l’année de ses 70 ans. Cet anniversaire est célébré lors de son trentième Olympia du 13 au 23 novembre, Olympia d’autant plus exceptionnel puisque Gilbert Bécaud en fait la réouverture après la destruction puis la reconstruction de la célèbre salle. Suite à cette série de récitals, le chanteur repart en tournée à travers la France et le monde, dont le Japon en janvier 98. Au mois d’octobre 98, la saison lyrique du Grand Théâtre de Tours s’ouvre sur l’Opéra d’Aran, de retour sur une scène française. Ce spectacle, qui se passe en Irlande, rassemble 11 rôles principaux, 40 choristes et une cinquantaine de musiciens. Avant de revenir en France, il avait été présenté dans de nombreux pays d’Europe.

Sûrement pas décidé à prendre sa retraite, Bécaud sort un nouvel album intitulé « Faut faire avec. » en 99. Il est réalisé par Alain Manoukian l’ex-mentor de Liane Foly et dirigé par Jean Mareska qui a travaillé avec Jean-Jacques Goldman. Le disque est très acoustique et enregistré avec une petite formation. Quant aux textes, Pierre Delanoë signe six d’entre eux dont un impressionnant « Dieu est mort », Didier Barbelivien, deux. Accompagné de sa fille Emily, Bécaud interprète une chanson écrite par Luc Plamondon « la Fille au tableau ». Avec cet album, le chanteur essaie de faire un disque qui n’est pas tourné vers le passé, un disque d’aujourd’hui.

En novembre 99, Gilbert Bécaud retrouve l’Olympia pour un 33ème lever de rideau sur sa scène fétiche. Malade, atteint d’un cancer, il a cependant l’énergie de donner des récitals enlevés et fort réussis. Le public le soutient et l’encourage. Le tout dernier concert de sa carrière a lieu en Suisse à Fribourg le 15 juillet 2000. Un an plus tard, il enregistre un ultime album avant de décéder le 18 décembre 2001, chez lui, sur sa péniche nommée Aran, près de Paris. Toute la profession lui rend hommage le vendredi 21 décembre lors de ses obsèques en l’église de La Madeleine à Paris.

Son dernier album, sans titre, sort le 19 mars 2002. Son fils Gaya a sélectionné parmi une trentaine de chansons enregistrées, onze d’entre elles sur les thèmes de la mort et de Dieu. Un de ces titres est un duo avec Serge Lama « le Train d’amour ». Sur ce disque, on trouve aussi deux extraits de la comédie musicale « Madame Roza », interprétés par Annie Cordy.

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