( 13 avril, 1988 )

Ernest Léardée-Décédé

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 DOCUMENT Ernest Léardée Raconte—( Interview,Fontenay-Sous-Bois,12 Mai 1983)—-///–Ernest Léardée raconte ses souvenirs d’enfance à Jean-Pierre Meunier et Brigitte Léardée.—- PS:Fontenay-Sous-Bois le 12 Mai 1983 (Extrait)-

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Le compositeur et chef d’orchestre martiniquais Ernest Léardée, décédé en 1988 à l’âge de 92 ans, nous a laissé un récit fort détaillé de sa longue vie de musicien (
La Biguine de l’Oncle Ben’s, par Jean-Pierre Meunier et Brigitte Léardée, Éditions Caribéennes, 1989). il fut pendant dix ans violoniste dans l’orchestre d’Alexandre Stellio, de 1919 à
la Martinique jusqu’en 1929 à Paris. C’est dans cette formation légendaire qu’Ernest Léardée fait ses premiers enregistrements chez Odéon en octobre 1929. Il grave ensuite une série de disques à son nom chez Salabert en 1930 et 1931, avec son « Orchestre Antillais du Bal Etamet » (réédition Frémeaux & Associés, coffrets STELLlO et BIGUINE volumes 1, 2 et 3). L’activité discographique de Léardée s’arrête alors durant vingt ans pour ne reprendre qu’après la guerre, au début des années cinquante. C’est à cette période particulière que le présent album est consacré . Ernest Léardée était né le 9 décembre 1896, dans le quartier populaire des Terres-Sainville à Fort-de-France. Il était le dernier d’une fratrie de cinq enfants, deux garçons et trois filles, tous de pères différents. Leur mère Stéphanie Balthazar avait épousé sur le tard Philippe Léardée, un marin à la retraite devenu gardien du phare de
la Pointe des Nègres à Fort-de-France. Celui-ci reconnaît le petit Ernest et lui donne son nom devant l’État-civil. Ernest a six ans quand explose
la Montagne Pelée en 1902, détruisant Saint-Pierre et y faisant 30 000 victimes. Quelques semaines plus tard, une autre éruption projette une grêle de scories sur Fort-de-France, pourtant distante de plus de trente kilomètres, provoquant une effroyable panique. Ernest sera marqué toute sa vie par le souvenir de ce jour de terreur suivi peu après du décès de sa mère malade. En juillet 1905, son père adoptif meurt à son tour. Orphelin à neuf ans, Ernest est pris en charge par sa sœur Yaya. Commence alors une existence difficile. Après l’école et pendant les vacances, le jeune garçon s’ingénie à gagner quelque argent par toutes sortes de petits « jobs » exécutés pour des artisans de la ville. Il est tour à tour porteur d’eau, chasseur de colibris, matelassier, maçon, cordonnier …

Son destin change du jour où il est pris en affection par Marius Collat, menuisier ébéniste et luthier qui l’engage comme apprenti. À dix ans, Ernest abandonne l’école. Marius Collat lui apprend la menuiserie mais aussi la musique et il l’aide à fabriquer son premier violon. Ernest accompagne bientôt son patron dans les bals et les réunions électorales de
la Martinique. Ille quitte sur un coup de tête en 1909 pour suivre un cornettiste brésilien qui recrutait un orchestre pour
la Dominique. Au terme d’un contrat de deux mois, Ernest revient dans son île et n’ose pas affronter la colère de son ancien patron. Il trouve un emploi d’apprenti chez un coiffeur nommé Isambert Veille. Celui-ci le recommande à son demi-frère, le clarinettiste Léon Apanon qui l’engage dans son orchestre au dancing des « Folies Bergères » de Fort-de-France. Tout cn exerçant son métier de coiffeur, Ernest devient un musicien familier des « casinos » de la ville : Dancing Palace, Casino Bagoé, Grand Balcon … En 1913, Ernest rachète le fonds de commerce d’Isambert Veille grâce à l’aide financière d’un oncle. À dix-sept ;ans, il devient son propre patron au 61 rue Schoelcher à Fortde-France. En mai 1916, il est exempté du service militaire par le Conseil de Réforme de
la Martinique à cause d’une mauvaise constitution physique. 11 échappe ainsi au sort de milliers d’Antillais massacrés en Europe lors de la première guerre mondiale.

En 1919, le clarinettiste Alexandre Stellio, âgé de 34 ans, revient dans son île natale après un séjour de vingt années en Guyane. René Didier, entrepreneur et homme d’affaires, lui demande de créer l’ambiance musicale des films muets au nouveau ciné¬ma Gaumont de Fort-de-France, salle moderne de 400 places. Stellio engage Léardée pour l’accompagner au violon. Les deux amis deviennent inséparables et se produisent aussi au Dancing Palace et au Sélect Tango. En juin 1924, Ernest Léardée épouse Angèle Luizia Maroudaye, déjà mère de leur enfant de quatre mois. À cette époque, parvient à
la Martinique la rumeur de l’Exposition Coloniale qui se prépare à Paris. Léardée convainc Stellio d’aller tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. Les deux compagnons s’associent au trom-

boniste guyanais Archange Saint-Hilaire et engagent le batteur et chanteur Crémas Orphélien ainsi que le pianiste et violoncelliste Victor Collat. Pour trouver l’argent du voyage et du séjour, Léardée met en gage son salon de coiffure. Les cinq musiciens quittent
la Martinique sur le « Pellerin de
la Touche » dans la soirée du 27 avril 1929. Ils arrivent le 9 mai à Paris où leur accueil a été préparé de longue date par deux amis, Blérald et Laviolette. Le samedi 11 mai 1929, le « Stellio’s Band » inaugure le Bal de
la Glacière, boulevard Auguste Blanqui. C’est un succès immédiat mais le bal doit fermer au bout de deux mois à cause des plaintes du voisinage. L’orchestre joue en juillet 1929 au « Canari », au sous-sol de l’Alcazar (8 Faubourg Montmartre), puis à partir de septembre au « Rocher de Cancale », restaurant dancing du quai de Bercy, face à la gare d’Austerlitz. Les affaires marchent bien. Stellio et Léardée abandonnent l’idée d’un retour à
la Martinique et font venir leurs épouses à Paris. L’orchestre grave ses premiers disques chez Odéon en octobre et décembre 1929 (cf. album STELLIO FA 023). Mais un différend éclate à propos de la répartition des royalties et l’association est rompue. Saint-Hilaire repart à
la Martinique et Léardée quitte Stellio. Début 1930, il forme un nouvel orchestre pour le « Bal Nègre » du 33 de la rue Blomet, succédant au pianiste martiniquais Jean Rézard des Wouves qui avait créé ce bal en 1924. Léardée grave chez Francis Salabert les premiers disques à son nom et publie un recueil de 10 biguines créoles pour le piano. C’est alors qu’il délaisse le violon pour la clarinette et le saxophone ténor. Durant l’Exposition Coloniale de 1931, le « Bal Colonial de la rue Blomet » est une curiosité de
la Capitale qui attire des milliers de touristes. En novemhre 1931, Ernest Léardée ouvre son propre caharet, « l’Élan Noir », au 124 boulevard Montparnasse. Il le dirigera jusqu’en juin 1933, Ou le retrouve ensuite à  »
La Nuit Cubaine » jusqu’en janvier 1934, au « Villon-

Holahée » (47 boulevard Saint-Michel) de février 1934 à juin 1935, puis au « Mirage » (9 rue Delambre) de juillet 1935 à août 1937. De septembre 1937 à janvier 1938, Ernest Léardée anime le dancing du « Chalet du Lac » à Saint-Mandé. En février 1938, avec une nouvelle formation, il part pour une tournée en Allemagne, en Autriche et en Hongrie. Après quelques soirées dans un cabaret juif de Budapest, les musiciens se heurtent au harcèlement raciste et antisémite de la police locale et doivent s’enfuir précipitamment. Le 17 mars 1938, cinq jours après l’annexion de l’Autriche par les forces nazies, Ernest est arrêté au poste frontière de Salzbourg. Il est libéré et peut revenir en France grâce à l’intervention providentielle d’une autrichienne qu’il avait connue quelques années plus tôt à Paris. Fin mars 1938, Léardée se produit à  »
La Féria » (12 rue Victor Massé à Paris) puis il fait la saison d’été à
La Baule comme saxophoniste dans l’orchestre du danseur Mayamba à  »
La Potinière Hawaïenne ». De septembre 1938 à juin 1939, Ernest Léardée dirige l’orchestre du « Rio », le dancing de l’hôtel Bellevue, 5 rue Jean Roisin à Lille. À partir du 13 juillet 1939, nouvelle saison d’été à
La Baule comme chef d’orchestre de  »
La Potinière Hawaïenne » jusqu’au 2 septembre 1939, date du déclenchement de la seconde guerre mondiale. De retour à Lille, Léardée joue à partir du 5 octobre au « Miami », le cabaret-dancing de l’Hôtel Carlton. Son pianiste est le jeune Jack Diéval, tout frais émoulu du Conservatoire de Douai, qui deviendra plus

tard une célébrité du jazz. Le 19 mai 1940, les forces allemandes sont aux portes de la ville. C’est le départ en catastrophe. Au terme d’un voyage mouvementé, le hasard conduit Léardée dans l’Yonne, au hameau du Deffand près de Saints-en-Puisaye. Conquis par la beauté et la tranquillité de ce coin de campagne, il loue une maison et s’y installe pendant toute la durée de la guerre. Il se convertit aux travaux de la

terre, élève des porcs et de la volaille, reprend son métier de coiffeur et donne des cours de musique aux villageois. À la fin de la guerre, Ernest s’installe à Fontenay-sous-Bois avec l’intention d’y ouvrir un salon de coiffure mais il est vite rejoint par la musique. En novembre et décembre 1945, avec les guitaristes Pierre Louiss et Valentin Gérion, il est saxophoniste au « Potomac », club américain installé dans un grand hôtel de la rue de Lyon à Paris.

À partir de janvier 1946 et durant sept ans, Léardée anime avec son orchestre les bals du samedi et du dimanche après-midi à la célèbre guinguette « Chez Maxe », 162 quai

de Polangis à Joinville, sur les bords de
la Marne. Il se produit le soir dans divers cabarets de Paris : « Le Sérail » (29 rue du Colisée) en juin 1946,  »
La Canne à Sucre » (4 rue Sainte¬Beuve) de juillet à octobre 1946,  »
La Boule Blanche » (33 rue Vavin) de décembre 1946 à février 1947. Puis il se consacre à des soirées privées et des bals. Il fait aussi des doublages

de films et prend des cours d’harmonie. À partir de novembre 1948, le vendredi et le samedi soir, il fait partie de l’orchestre animé par Jenny Alpha au « Cercle de
la France d’Outre-Mer » (6 Square Happ). Le 1″ septembre 1949, Ernest Léardée entre à
la SACEM comme compositeur. D’avril à septembre 1950, il se produit au cabaret « Le Bosphore » (18 rue Thérèse). À partir d’octobre 1950, il participe avec Gilles Sala à l’émission « Rythmes et Charmes des Antilles » qui passe à la radio tous les samedis de 7h à 7h30 et il en compose l’indicatif. Le succès de cette émission le décide à faire de nouveaux disques. En 1951, il

enregistre avec Gilles Sala chez Ducretet¬Thomson et avec André Salvador chez Festival et Saturne. En janvier 1952, il grave trois disques de biguine pour Eddie Barclay sous la marque Riviera.

Le 26 mai 1952, Léardée est admis comme auteur à
la SACEM. Le 18 octobre 1952, débute sur le Poste Parisien l’émission « Visages de Soleil » animée par France Danielly chaque samedi de 17h20 à 18h00, émission qui deviendra « Au delà des Mers » à partir de septembre 1953. L’activité d’Ernest Léardée se partage alors entre le Cercle de
la France d’Outre-Mer, les bals, galas, émissions de radio, séances d’enregistrement et matinées de « Chez Maxe ». Le 21 décembre 1952, le dancing est entièrement détruit par un incendie. Dès le 18 janvier 1953, Ernest Léardée débute un nouveau contrat au « Chalet de Champignol », quai de Champignol à
la Varenne Saint-Hilaire. n y animera les matinées de week-ends jusqu’en janvier 1958. Durant les saisons d’été depuis 1951, son orchestre et sa chanteuse Lola Berry sont au programme des casinos de la côte normande : Cherbourg, Coutainville, Saint-Pair-sur-Mer. .. En janvier 1954, nouvelle séance de six biguines pour Eddie Barclay. Le 15 février 1954, Ernest Léardée est inscrit comme éditeur professionnel à
la SACEM. Le 2 novembre 1954, il ouvre sa maison d’édition : « Les Rythmes Nou¬veaux », au 14 rue Mauconseil à Fontenay-sous-Bois. Le siège se déplace en 1957 dans les anciens locaux de Vincent Scotto, 3 rue Gustave Goublier à Paris. En juin1955, l’orchestre Léardée participe, au Jardin des Tuileries, à la 8′ Kermesse aux Étoiles présidée par
la Maréchale Leclerc de Hauteclocque. Le 18 janvier 1958, le contrat du Chalet de Champignol se termine. Léardée et son orchestre se déplacent alors « Chez Grosnier », autre dancing des bords de Marne, 7 quai de
la Varenne (aujourd’hui quai Winston Churchill) à
La Varenne-Saint-Hilaire. À partir du 14 mai 1960, l’orchestre se produit 10 avenue de Verdun à Brévannes, au Casino de cette petite localité au sud-est de Paris. Mais l’établissement est fermé fin octobre après le décès des deux gérants dans un accident d’automobile. En juillet 1961, Léardée devient directeur du Casino de Saint-Pair-sur-Mer, fonction qu’il occupera durant cinq ans. Le casino est ouvert les mois d’été. Le reste de l’année, Léardée continue d’animer de multiples bals et galas en région parisienne. En janvier 1962, il se retire de l’édition musicale. Début 1966, à la suite de difficultés financières, le casino de Saint-Pair est vendu. Infatigable en dépit de ses 70 ans, Léardée reprend pour trois mois la gérance de « Chez Grosnier » à
La Varenne, qu’il rebaptise « Léardée Dancing Club ». Puis en mai 1966, pour l’unique fois de sa vie, il retourne passer trois semaines dans sa Martinique natale. De 1966 à 1970, Léardée fait des doublages de films, participe encore à quelques bals et soirées avec sa chanteuse Tety Selva, accompagne le chanteur Christian Juin et songe enfin à sa retraite. En août 1970, il est le fameux interprète de la première publicité télévisée en France pour le riz « Uncle Ben’s », séquence qui sera suivie de deux autres, en 1973 et 1975. Après cette prestation réussie qui le remet pour un temps sous les feux de l’actualité, Ernest Léardée tombe peu à peu dans l’oubli. Un documentaire sur sa vie est tourné pour la télévision en 1987 par Christiane Succab-Goldman et Jean-Pierre Krief (Le Roman de
la Biguine). Ernest Léardée est décédé d’un cancer à son domicile de Fontenay-sous-Bois, 7 rue Gaston-Charle (Val-de-Marne), dans la nuit du 12 au 13 avril 1988. Il repose, avec sa clarinette et son violon, au cimetière communal de cette ville, tombe 1073 ter, allée centrale, 13′ di                
                                          Jean-Pierre MEUNIER

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http://www.dailymotion.com/video/x9otv7 

  »Ernest Léardée la voix et la musique des Antilles à Fontenay-sous-Bois ».
Exposition contée, spectacle « Ti moun d’antan lontan ».
Voir : http://www.netvibes.com/avotrimage

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( 13 avril, 1988 )

ERNEST LÉARDÉE-Décédé

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 ERNEST LÉARDÉE-Décédé

ERNEST LÉARDÉE (1896-1988)

Issu du petit peuple de Fort-de-France, Ernest Léardée perd sa mère à 6 ans et son père à 9 ans. Il est élevé par sa sœur Yaya et pratique très tôt toutes sortes de petits métiers. Un menuisier, Marius Collat, l’initie à la musique et lui apprend le violon. Le jeune garçon ne tarde pas à l’accompagner dans les bals de la Martinique. Léardée devient apprenti coiffeur tout en continuant de jouer du violon dans l’orchestre de Léon Apanon. Il gagne bientôt suffisamment d’argent pour se mettre à son compte.

En 1919, Stellio arrive de Guyane et l’engage pour jouer avec lui au Cinéma Gaumont de Fort-de-France. En avril 1929, c’est le départ pour Paris. Mais Léardée quitte bientôt Stellio pour former son propre orchestre au Bal Blomet. Il grave ses premiers disques en 1930 chez Salabert. Il délaisse alors le violon pour se mettre à la clarinette et au saxophone ténor. Il ouvre successivement plusieurs cabarets à Paris (l’Élan Noir, le Mirage…).

En février 1938, il part en tournée en Allemagne, en Autriche et en Hongrie. En mai 1940, il se trouve à Lille quand les Allemands envahissent la France. Il se retire dans l’Yonne durant les quatre années de l’Occupation. Dès la Libération, Ernest Léardée reprend son activité musicale comme chef d’orchestre dans de multiples cabarets parisiens, dancings des bords de Marne, bals de province, stations balnéaires en période estivale…

Dans les années 50 et 60, il participe à la vogue des nouveaux rythmes cubains et latino-américains : cha cha cha, mambo, baïon, samba, guaracha, rampa… dont il enregistre plusieurs disques. Il prend sa retraite en 1970 à Fontenay-sous-Bois où il décède en avril 1988. Ernest Léardée a aussi dirigé un casino à Saint-Pair-sur-Mer, il a fondé une édition musicale, il est l’interprète d’une publicité télévisée pour une marque de riz, et il a laissé à la SACEM plus de trois cents compositions.

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Ernest LEARDEE
(Violon – Clarinette – Saxo)

Né le 9 décembre 1896, dans le quartier populaire des Terres-Sainville à Fort-de-France. D’une famille très modeste, il perd ses parents alors qu’il est encore enfant, sa sœur Yaya prend la relève de ceux-ci, étant obligée de faire le ménage chez les gens aisés afin de subvenir aux besoins de son petit frère.
Bien qu’ils habitent la maison familiale et que les dépendances de celle-ci soient habitées par des locataires sans scrupule, refusant de couvrir les frais de location, c’est d’ailleurs suite à une altercation avec l’un d’entre eux que le petit Ernest alors âgé de dix ans se décide à chercher à travailler pour pouvoir aider Yaya.
Il commence par rendre de petits services dans le voisinage, il chasse le  » Colibri  » qu’il doit livrer vivant à un commerçant qui les expédie à un marchand de chapeaux en France, il se fait aussi un immense plaisir d’aller à la pèche aux crustacés qu’il rapporte à sa sœur afin d’améliorer l’ordinaire.
Lors de ses nombreux déplacements, il tombe en arrêt devant l’atelier d’un luthier – Ebéniste – Multi-Instrumentiste, Marius COLLAT répare et fabrique les instruments à cordes, il est aussi accordeur de piano. Il observe attentivement les faits et gestes du luthier et surtout le travail de son apprenti, ce dernier tourne une machine à force de poignets par manque d’électricité. Spontanément, Ernest lui offre son aide, devant la vivacité de son intervention, monsieur COLLAT le félicite et lui demande si cela l’intéresse d’apprendre le métier, l’offre est alléchante et Ernest lui dit qu’il en parlera à sa sœur Yaya.
Dés le lendemain, il se présente à l’atelier et c’est le départ d’une nouvelle vie pour lui, le garçon est intelligent, il observe le menuisier dans la fabrication des instruments et le choix des matériaux nécessaires.

Ce qui impressionne davantage le nouvel apprenti c’est que son patron soit musicien et chef d’orchestre il est à la fois :
Clarinettiste, violoncelliste et pianiste, il est aussi père de deux garçons, André l’aîné étudie le violon, et Victor le cadet le piano et le violoncelle, très rapidement André et Ernest se lient d’amitié.
Ce dernier assimile tout ce que papa COLLAT inculque à son fils, Ernest confie à André son vif désir d’apprendre lui aussi à jouer au violon, dés qu’ils le peuvent, ils s’arrangent pour se retrouver seuls afin de pouvoir se partager l’instrument, les progrès de l’élève enseigné sont spectaculaires, et l’élève enseignant jubile.
L’idée de posséder son propre instrument perturbe le petit Ernest qui décide de le fabriquer à l’insu de son patron, petit à petit, il sélectionne les différents bois nécessaires à cette réalisation.
Il met de coté un moule et commence à façonner son violon lorsqu’il est surpris par son patron qui lui demande de s’expliquer, le violon me passionne répond-t-il et j’essaie de m’en fabriquer un, tu devrais me le dire, s’entend-t-il répondre par le patron qui s’empresse de l’aider dans le choix des matériaux afin d’aboutir à sa réalisation, déjà chachayeur, Ernest est maintenant violoniste débutant, il suit de plus en plus monsieur COLLAT dans ses animations musicales, il fait bientôt partie de cet orchestre. Un jour, Ernest LEARDEE est contacté par un musicien guyanais, éminent joueur de cornet à pistons qui lui propose de se joindre à son orchestre pour un contrat à l’île de la Dominique, LEARDEE soumet la proposition a sa sœur qui voit la chose d’un très mauvais œil, mais devant les arguments de son frère, elle se rend à l’évidence de cette éventuelle séparation.
L’Orchestre en question se compose de ELISEE au cornet à pistons et chef d’orchestre, ISAMBERT surnommé  » serpent maigre », grand clarinettiste de l’époque de Saint-Pierre et du brillant violoncelliste DUVERGER, le succès obtenu est au-dessus de leurs espérances et le contrat initialement prévu pour un mois se voit prolongé d’un autre mois.
Se faisant, monsieur COLLAT s’inquiète de l’absence prolongée de son employé et protégé, au retour du chachayeur – violoniste – fugueur, Yaya lui fait part de la colère de son patron.
LEARDEE prend la décision dénuée de toute élégance et décide de couper court à ses relations avec la famille COLLAT, c’est la fin d’une étroite et grande collaboration entre une famille généreuse et un ingrat.
L’argent gagné à la Dominique est épuisé et Ernest LEARDEE déambule dans les rues de Fort de France afin de trouver un autre travail lui permettant de subvenir à ses besoins, c’est ainsi qu’il est subjugué par le cliquetis des ciseaux d’un coiffeur et cette nouvelle rencontre sera déterminante pour lui, ce métier lui plait et le coiffeur et le coiffeur se propose de lui apprendre, il semble doué aussi pour la coiffure et cela lui donne l’occasion d’y faire ses preuves et de pouvoir s’installer à son compte, par la suite, jusqu’a son départ pour la France en avril 1929.
En 1919, le clarinettiste martiniquais Fructueux ALEXANDRE dit STELLIO rentre de Guyane pour animer les films muets dans le nouveau cinéma ouvert à Fort de France par René DIDIER, du nom de  » Gaumont « , STELLIO engage le violoncelliste DUVERGER et le violoniste LEARDEE, ce trio s’accorde parfaitement à la mission qui les incombe, DUVERGER est parfois remplacé par le jeune Victor COLLAT, pianiste et violoncelliste de haut niveau, cette collaboration s’étend sur plusieurs années.
En dehors de leur animation au cinéma Gaumont, STELLIO et LEARDEE se créent des liens d’amitié, le clarinettiste vient souvent à la rencontre du coiffeur, afin de se réunir pour écouter ensemble la musique en provenance du vénézuéla ou des Etats Unis de façon à les interpréter ensuite à la sauce martiniquaise (cela explique leur complicité pour les nombreux plagias d’œuvres étrangères et même de Saint-Pierre), dans une page de son livre, LEARDEE justifie la chose par le fait que cet abus leur permettait de faire avancer et ventiler la musique traditionnelle des Antilles-Guyane tant à Paris que dans le reste du monde, je veux bien l’admettre… mais tout de même !
Vers la fin de l’année 1928, LEARDEE a une idée qui lui trotte dans la tête, il veut se rendre en France pour promouvoir la biguine, il en parle à son ami qui trouve l’idée intéressante, mais avoue que l’argent manque pour réaliser un tel projet. Le violoniste ne baisse pas les bras et soumet à son interlocuteur la formation de l’éventuel orchestre qui ferait le déplacement STELLIO en serait le chef, Archange SAINT-HILAIRE au trombone Victor COLLAT au violoncelle, Crémas ORPHELIEN à la batterie et au chant, et bien entendu LEARDEE au violon.
STELLIO, accueille la proposition avec enthousiasme, LEARDEE ajoute que pour ce faire, il ne sera que de beaucoup travailler au prochain carnaval afin de constituer une cagnotte pour les frais de transport avec en plus quelque argent pour les premières journées de survie dans la grande capitale, hélas, le carnaval terminé, il s’avère que la somme récoltée ne couvre pas les frais escomptés ! C’est encore LEARDEE qui trouve la solution à leur problème, il décide d’emprunter une somme a son beau-père.
Il propose une association : STELLIO – SAINT-HILAIRE – LEARDEE – ORPHELIEN et COLLAT seront pris en compte par les associés, le 27 avril 1929, l’orchestre embarque sur le paquebot  » Pellerin de la Touche « , après toutes les péripéties de leur voyage, ils sont enfin accueillis à la gare Saint-Lazare par messieurs BLERALD et LAVIOLETTE qui étaient charger de tout organiser et préparer leur arrivée et leur installation.
Dés le lendemain il y eut une répétition générale et l’orchestre fit son entrée au  » Bal de la Glacière  » situé Boulevard Blanqui à Paris, dans le quartier de la Glacière, leur succès fut tel que le Bal fut contraint de fermer ses portes sur plainte du voisinage pour les nuisances causées par un tel va et vient.
Je ne parlerai pas ici des tracasseries de l’association  » STELLIO – LEARDEE – SAINT-HILAIRE » et de leur rupture.
Ernest LEARDEE est certainement le musicien antillais qui a bénéficié de toutes les opportunités qui ce sons présentés à lui, de simple musicien, il fut : Chef d’Orchestre – Compositeur – Propriétaire de Casino – Editeur de Musique – Sociétaire Définitif de la SACEM, et que je sais-je encore ? Tout cela n’a pas empêché qu’il ce face gruger par Francis SALABERT, par la publicité du riz  » Uncle Ben’s « , par les différents contrats de dancing… et tout le reste.
Peut-être que son grand amour pour la gent féminine dominait sa vie au point de piétiner ses différentes gestions ou alors, le manque de culture générale exprime-t-il son échec, afin de mieux le comprendre, je vous recommande la lecture de son livre co-signé de son épouse Brigitte et son grand ami Jean-Pierre MEUNIER, intitulé  » la Biguine de l’Oncle Ben’s  » dont la présentation est de monsieur Gaston MONERVILLE.

Ernest LEARDEE mourut à son domicile de Fontenay-sous-Bois, 7 rue Gaston-Charle (Val-de-Marne), d’un cancer, à l’age de Quatre Vingt Douze ans dans la nuit du 12 au 13 avril 1988, il et inhumé le 15 avril en présence de nombreux parents et amis, au cimetière communal de Fontenay-sous-Bois, tombe 1073 ter, allée centrale, 13′ division, ou il repose, avec sa clarinette et son violon.

Il laisse une œuvre considérable.
(Aude BAGOE)

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